Au fil du temps, le douceur, la sensibilité et la vivacité de la jeune fille émeuvent le maître et qui l'introduit dans son univers. A mesure que s'affirme leur intimité, le scandale se propage dans la ville...
Un roman envoûtant sur la corruption de l'innoncence, l'histoire d'un coeur simple sacrifié au bûcher du génie.
Collection Folio, Février 2002.
ISBN : 2-07-041794-8
313 pages
Traduit de l'américain par Marie-Odile Fortier-Masek
Mon avis :
La rencontre en entre Vermeer et la jeune servante introduit bien évidemment le roman et d'une manière peu singulière. Le peintre et son épouse, en visite au domicile des parents de Griet pour la prendre à leur service, découvre une une jeune fille en train de préparer le dîner familiale : une soupe. Elle épluche les légumes, les coupes en morceaux et les trie en fonction de leur teinte : choux rouge, oignons, poireaux, carottes, navets, le tout en une harmonie de couleur. Ce tri quelque peu surprenant attire l'oeil du peintre qui décide ur le champ de l'embaucher.
Ce roman nous introduit au coeur de la vie des hollandais au XVIIème siècle. Prostestants et ne rechignant pas au travail pour les familles modestes, la rencontre avec Vermeer est un véritable choc culturel pour Griet. Je ne vais m'étendre sur Vermeer car j'ai rédigé un article qui sera publié demain sur ce maître de la peinture. D'abord confrontée à la jalousie des femmes de la maison, elle est introduite peu à peu par le peintre lui-même dans l'univers de son atelier. Pour avoir des amis artistes reconnus et d'autre pas, mettre un pied dans l'atelier d'un peintre est toujours en ce qui me concerne un moment magique, ces tubes de toutes les couleurs, les pinceaux, les odeurs : Tous cela m'émerveille et je ne m'en lasse, j'ai l'impression d'être dans un monde unique... alors imaginez ce que peut ressentir une jeune fille quasi-inculte, pauvre et ignorant tout de cet univers.Elle devient la seule et unique personne à pouvoir entrer dans l'atelier de l'artiste. Dans un premier temps pour y faire le ménage en ayant l'ordre de remettre chaque objet déplacé à sa place exacte, ensuite en broyant et préparer les pigments en les mélangeant , le tout en cachette, la nuit. "J'aimais broyer les ingrédients qu'il rapportait de chez l'apothicaire, se remémore Griet, des os, de la céruse, du massicot, admirant l'éclat et la pureté des couleurs que j'obtenais ainsi. J'appris que plus les matériaux étaient finement broyés, plus la couleur était intense. A partir de grains rugueux et ternes, la garance devenait une belle poudre rouge vif, puis mélangée à de l'huile de lin, elle se transformait en une peinture étincelante. Préparer ces couleurs tenait de la magie".
Une relation intime nait peu à peu entre la jeune servante et le peintre qui finira par en faire son portrait. Il la couche sur le toile. Un portrait magnifique. Tandis que la jeune servante pose pour l'oeuvre, nous ressentons, nous lecteurs, une très forte atmosphère érotique qui ne se manifeste par les mots de l'auteur que par un simple effleurement mais ô combien suggestif. Magnifique.
La vie reprend ensuite son cours pour Griet : Elle épouse un garçon boucher et a deux enfants. Elle mène la vie que son milieu social approuve et conforme à ce qu'il doit être pour cette époque.
Tracy Chevalier réussit d'une main de maître à nous entraîner dans cette univers artistique, dans cette Hollande du XVIIème. Son imaginaire s'est laissé emporté, d'autant plus que les historiens de l'art n'ont quasiment fait aucun thèse sur cette toile superbe. C'est Griet, elle-même, qui raconte son histoire et Tracy Chevalier a réussi de manière admirable à associer écriture et oeuvre de Vermeer avec beaucoup de sensualité et une grande finesse d'écriture.
J'ai adoré...
Un film de Peter Webber a été réalisé en 2003 avec la sublime Scarlett Johanson qui accomplit une véritable performance d'acteur : là encore, magnifique !