Les débats politiques m’avaient un peu échappée en vacances et je reviens, avec retard, sur l’énième débat sur le port de la burqa dans les lieux publics.
Sarkozy vient d’ailleurs d’en parler dans un discours à Versailles.
Dissocions tout d’abord le signifié, la burqa, du signifiant ; l’idée que la femme est une tentation permanente pour les hommes, que ceux-ci sont incapables de se contrôler et que c’est donc à la femme de se cacher pour se protéger.
L’idée est universelle. Au Guatemala, devant le féminicide actuel, on a conseillé aux femmes de ne plus sortir le soir et de ne plus mettre de mini jupe.
A Juarez, certains politiques ont expliqué que les femmes violées et assassinées l’avaient cherché à cause de leur comportement “inapproprié”.
Avec la loi sur le racolage passif, qui détermine qu’une personne se prostitue par son comportement et son habillement, des femmes se sont vues interpeller, en sortie de boîte de nuit, à cause d’un habillement trop sexy.
Lors des récentes pubs contre le viol tournées par des actrices porno, certains ont signalé que c’est à cause de ces actrices qu’il y a des viols. Imaginez qu’on dise que c’est à cause d’acteurs et d’actrices incarnant des bourgeois qu’il y a des vols à main armée.
C’est contre l’idée qu’une femme doit avoir un certain comportement, un certain habillement qu’il faut lutter. Car, au fond, pourquoi ne pas évoquer, le caractère profondément essentialiste et sexiste du voile envers les hommes ? C’est faire d’eux des bêtes en rut, incapables de se maîtriser devant une chevelure. On contraint donc la femme pour éviter que l’homme ne contienne sa “nature”.
Bien sûr que la burqa est dérangeante, symboliquement insupportable ! mais focaliser sur elle et pas sur l’idée d’une femme tentatrice, est, à mon sens une grave erreur.
Faut il donc interdire la burqa dans les lieux publics ?
J’ai toujours eu beaucoup de mal avec des mesures visant spécifiquement les femmes et leur liberté de mouvements. Ailleurs les islamistes expliquent qu’une femme, pour circuler, doit mettre une burqa. Ici, elle devrait l’ôter pour sortir. Dans tous les cas, on explique donc aux femmes ce qu’elles doivent ou non porter.
Prenons un cas d’école. Une femme, sous la pression de son mari est obligée de mettre une burqa pour sortir. On lui interdit de le faire ; on punit donc une victime.
Autre cas. Une femme qui pense, sincèrement qu’elle ne doit pas montrer son corps et fait le choix de porter une burqa. Elle pense que la femme est une tentation permanente. Même si cette idée est terriblement conne, doit on l’empêcher de le penser et de le manifester ? Je pense à tous ces gens pas du tout musulmans, pas du tout religieux, qui m’ont déclaré au fil des années qu’une femme en mini jupe harcelée dans la rue le mérite bien. Je pense à ces femmes qui m’expliquent que le premier devoir d’une femme est d’être au foyer, à s’occuper de ses enfants. Doit-on aussi les condamner ? Leur interdire de rester chez elles si elles le souhaitent ? On part pourtant de la MEME idée ; qu’une femme doit avoir un rôle, une place bien définie et qu’elle doit se comporter d’une certaine manière sinon elle mérite d’être punie.
D’aucuns me diront qu’il vaut mieux limiter la liberté de quelques uns pour le bien être de toutes ;
Je leur répondrai d’abord qu’ils partent dangereusement vers le communisme ; j’en suis heureuse d’ailleurs ;).
Je leur dirai ensuite que limiter la liberté de mouvements de certaines conduit toujours à limiter la liberté de toutes.
Une femme a le droit de se considérer comme inférieure à l’homme, soumise, tentatrice sans voile ou que sais-je. J’entendais une fois, sur une chaîne publique, que les femmes étaient plus naturellement disposées au ménage et à l’éducation des enfants. C’était une femme qui parlait. On pourra bien arguer qu’elle était victime du patriarcat, je dirais plus benoîtement qu’elle était surtout victime de sa connerie. Et ceci, me semble-t-il, pas une loi ne pourra l’abroger.
Pendant que certain-e-s se battent pour l’acquisition de droits équivalents aux hommes, d’autres ne le souhaitent pas. Qu’on comprenne que la répression, tant à la mode, n’a jamais réussi à changer les mentalités et que c’est l’éducation et la connaissance, qui les font évoluer. Si je suppose qu’une femme sait ce qui est bon pour elle, a le droit de travailler, penser à sa guise, alors je ne peux, lorsque ca ne me convient pas, le lui interdire.
D’autres me diront que la burqa n’est pas française. La France est laïque, pas athée. Je n’ai rien contre un état athée mais je vous rappelle encore une fois que la majorité des états athées ont été des états communistes. A vous de voir :). La France n’est pas catholique malgré son passé chrétien. La burqa n’est pas plus française que la croix ou la kippa le sont.
D’autres me soutiendront qu’en Afghanistan, on ne pourrait se balader tête nue. Tient on vraiment à s’aligner sur ce pays là ? Il faudrait aussi constater que dans certains pays l’adultère est puni de mort. Aux USA, on applique encore la peine de mort et la sodomie est encore illégale dans certains états. Appliquons donc la démonstration par l’exemple ; a chaque nigérian surpris en flagrant délit d’adultère en France, la lapidation ! A chaque américain, coupable de meurtre en France, la chaise électrique !
Ne trouvez vous quand même pas extraordinaire que ca soit les femmes et leur liberté de mouvements qui soient remises en cause par cette nouvelle idée ?
Encore une fois qui a eu la merveilleuse idée de faire porter une burqa aux femmes ? qui leur a expliqué et mis dans la tête qu’une femme doit se couvrir ? des imams. Des hommes. Qui punit-on ? les femmes. C’est à peu près comme si j’allais voir un medium qui m’escroque de 10 000 euros, qu’on me punisse et qu’on le laisse courir.
Certains me rétorqueront que les femmes en burqa ne seront pas punies. Que personne ne les empêche de sortir, qu’il faudra juste qu’elles ne mettent plus de burqa. Et dans le cas contraire ? Si elles refusent ? On punit pour “habillement symbolisant la soumission” ? On punit des gens de leur propre soumission ? N’est ce pas un peu le monde à l’envers ?
- “Vous êtes coupable de porter un vêtement symbolisant l’infériorité de la femme”
- “Ah bah oui mais moi j’y crois et l’imam machin a pondu un texte disant que”
- “Ah oui mais lui a le droit, vous, vous n’aviez pas à y croire”.
Il est totalement légal en France aujourd’hui de dire qu’une femme est inférieure à un homme, doit se couvrir ou se tenir d’une certaine manière, mais une femme n’a pas le droit d’y croire et d’agir en fonction.
Je rappellerai que le mois dernier, Berlusconi a déclaré qu’il ne fallait pas s’étonner du nombre de viols en Italie, tant les femmes y sont jolies. Ce propos, que n’aurait pas renié un islamiste, a été tenu par un homme politique européen. Il vise à déresponsabiliser les violeurs et à expliquer que les femmes sont coupables si elles sont violées. Cette phrase là était signifiante, dangereuse, grave, à mon sens, pénalement condamnable. Aucune chef d’état européen ne l’a condamnée. Ce sont ces idées là véhiculées par des religieux, des politiques, des personnes lambda, qui conduisent des femmes à porter le niqab, le voile, la burqa. Ce sont ces idées qui les conduisent à faire le choix de la soumission (cette phrase va faire hurler des féministes). Ce sont ces idées qu’il faut condamner, pas celles qui en sont victimes.