Aujourd'hui s'ouvre le congrès à Versailles, avec le discours si controversé du
Président de la République devant les députés et sénateurs.
Ce discours est très différent du discours de politique générale du premier ministre, parce que le Président de la République
n'engage pas sa responsabilité devant l'assemblée nationale ni devant le parlement. Ce discours est en fait la même idée que le discours sur l'état de l'Union que le président américain
prononce tous les ans devant les parlementaires. Ce président n'engage pas non plus sa responsabilité devant eux. Tous les ans, ce discours sert à exposer les grands axes de la politique à
venir pour la prochaine année. C'est justement ce qui manque à Sarko, de donner une vision cohérente de toutes les réformes qu'il entreprend.
C'est le premier discours de ce genre, disposition introduite par la réforme de la constitution (voir Retour sur la réforme constitutionnelle). La gauche s'est fermement opposée à cette réforme, et plus particulièrement à ce
que le Président de la République puisse s'exprimer devant les parlementaires. C'est un point de vue qui peut se comprendre, d'ailleurs. Pour protester contre cet état de fait, les
socialistes ont décidé d'être présents lors du discours du Président de la
République mais pas lors du bébat qui s'ensuivra avec le premier ministre. Les Verts et
le PC, eux, ont décidé de boycotter les deux. Le consensus des socialistes est absurde : Ce qu'ils contestaient dans la première version de la réforme constitutionnelle, c'était que
le Président de la République puisse s'exprimer devant l'assemblée. Dans la version définitive, c'est devant le parlement en congrès que le Président de la République s'exprime. Le débat avec le premier
ministre, ils n'ont jamais été contre et ça leur permet de s'exprimer de manière contradictoire.
Leur argumentation repose sur le fait que seul le premier ministre engage sa responsabilité devant le parlement. Le Président de la République ayant une autre légitimité, ils
considèrent qu'il n'a pas à s'exprimer devant les parlementaires. Et maintenant, ils ont décidé d'être présent pour le discours et pas pour le débat. Incompréhensible.
Je suis d'ailleurs assez troublé de voir des députés refuser d'appliquer la constitution de la République. Ca me rappelle un
peu M. Vanneste qui, après avoir fortement critiqué la loi sanctionnant les propos homophobes comme les propos incitant à la haine raciale au moment où cette loi était en débat, a ensuite fait
comme si cette loi n'avait pas été votée en tenant des propos publics qui ont été considérés très homophobes.Et même si on considérait que c'est le droit des socialistes de boycotter ce discours alors qu'il est prévu par la constitution, c'est une erreur
stratégique de leur part. En effet, le problème se posera tous les ans, mais à chaque fois la réforme constitutionnelle sera un peu plus ancienne et cette disposition finira par ne plus faire
débat. Un peu comme la loi sur le PaCS aujourd'hui. Résultat, il y aura une année où ils devront se déjuger en revenant au congrès pour ce discours annuel parce que l'immense majorité ne
comprendra pas qu'ils ne respectent pas la constitution.