Allez hop... En avant marche !

Publié le 22 juin 2009 par Pascal Boutreau

Bon désolé pour ceux qui sont déjà venus tôt ici ce vendredi matin, mais la news parue n'était pas terminée et n'aurait pas dû apparaître.... Bon, voilà la bonne version...

Je voulais commencer par souhaiter une très bonne course à mes camarades du Meudon Triathlon qui seront ce dimanche une trentaine au départ du Longue Distance du lac des sapins à Cublize. Ok, j'y serai aussi (probablement... j'hésite toujours) mais vu mes dernières expériences collectives, je ne suis pas sûr de les voir très longtemps donc j'en profite ici pour les encourager. Encouragements aussi à tous ceux qui attaquent leur dernière ligne droite dans la préparation pour l'Ironman de Nice. A fond derrière vous messieurs ! (je serai sur place)

J'anticipe un peu mais je vous raconterai aussi dans la prochaine news ma petite soirée de jeudi passée au polo de Paris. Elles est où la crise ? Assez étonnant...  

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Et hop un quart de page sur une de mes boutiques ! Comme annoncé, j'ai réussi à gratter un peu de place pour parler du Paris-Colmar, la grande classique de marche qui existe depuis 1926 ! Par les temps qui courent dans la pagination ce n'était pas gagné. Mais ce papier m'a surtout permis de discuter avec Roger Quemener, la légende de la course avec ses sept victoires. Génial. Un super bon client comme on dit d'habitude. Une soirée avec lui en train de vous raconter ses courses doit être un pur moment de bonheur. Chapeau en tout cas à ces marcheurs (dont un cuisto de l'Equipe) qui arriveront ce samedi à Colmar après 470km. Bel exploit.

Comment ça marche ?

Depuis 1926, des marcheurs parcourent autour de 500 kilomètres pour relier Paris à l’Alsace.

Ce soir, à Neuilly-sur-Marne, après avoir disputé dans l’après-midi un prologue devant l’Hôtel de ville de Paris, quinze hommes s’élanceront pour un long périple. Cap à l’Est, direction Colmar. Quinze marcheurs, rejoints demain à Châlons-en-Champagne par huit femmes, tous invités selon des critères de sélection adoucis au fil du temps pénurie de candidats oblige (nécessité d’avoir déjà parcouru au moins 175km en 24 heures). Sept fois vainqueur entre 1979 et 1989 dont une fois de Strasbourg-Paris, en 1981 (*) et toujours membre du comité d’organisation, Roger Quemener, 68 ans aujourd’hui même, nous décrypte cette " conquête de l’Est ", née en 1926.

CHAQUE SECONDE EST COMPTéE.

- A l’image d’un tour du monde à la voile, la distance entre les compétiteurs n’empêche pas une lutte âpre où tous les détails doivent être pris en compte. " On doit tout faire en marchant, explique l’ancien vainqueur. Manger, boire, se raser, se laver, se changer etc. Même faire pipi. Une année, j’ai perdu car je m’arrêtais pour faire pipi… C’était à chaque fois 100m de perdu. Pour le changement de tenue, j’avais entraîné toute mon équipe. Nous réussissions à changer les chaussures (dans l’idéal tous les 50km pour ne pas accumuler les frottements aux mêmes endroits), les chaussettes, le short, le slip etc, en moins de huit secondes ! Comme Prost en Formule 1 quand il changeait ses roues. "

INTERDICTION DE DORMIR.

- Si la formule actuelle permet une nuit de sommeil à Mirecourt (Vosges), le Paris-Colmar devrait revenir dès l’année prochaine à une configuration plus classique avec une marche non-stop et donc l’obligation pour les prétendants à la victoire de ne pas dormir durant trois jours et trois nuits. Un exploit ? " Mais tout le monde peut faire ça, tempère Quemener. Dîtes à des parents que s’ils s’endorment, leur enfant va mourir. Eh bien, ils tiendront ! Cela nécessite une force mentale, une capacité à se battre quitte à hurler sur la route. Il faut attaquer le sommeil comme on attaque la route. Cet aspect concerne aussi le chauffeur du camping-car qui nous suit. On doit le relayer régulièrement et sans jamais s’arrêter. On a souvent vu des marcheurs renversés par leur propre voiture car le conducteur s’était endormi au volant. "

DES RESSOURCES MENTALES PRIMORDIALES.

- " Quand ça va mal, on pense à sa vie, on pense qu’on n’aurait pas dû venir. Il faut gérer sa misère. Parfois, on perd même la notion du temps. Parfois, au bout de 60km, on en a déjà marre. On pense des dizaines de fois à l’abandon. Et puis non, on y va. Mais quand tout va bien, c’est comme une jouissance. On ne doit pas sortir de sa concentration. Marcher, manger, marcher, manger… et rien d’autre. Même pas parler. Parler juste 30 secondes me faisait perdre 10 secondes par kilomètre car on sort de sa course. "

L’ALIMENTATION : UNE Clé DE LA RéUSSITE.

- Chaque marcheur est suivi par un véhicule chargé d’abord de le protéger sur des routes ouvertes à la circulation, mais aussi de lui assurer la logistique. A commencer par l’alimentation. " C’est une des principales difficultés car on a besoin de pétrole pour faire avancer la machine sinon on tombe en carafe. Il faut absolument manger toutes les 45 minutes et boire toutes les 10 minutes. On mange des pâtes ou du riz car on ne tient pas trois jours et trois nuits avec des boissons énergétiques. "

ENTRER DANS LA LéGENDE.

- Avec 3000 euros pour le vainqueur (1500 pour la première femme) soit à peine de quoi couvrir les frais (seuls les trois premiers sont primés), on ne participe pas à cette course pour devenir riche. " Au début, on part comme pour assouvir un fantasme, confie Quemener. Mais une fois au départ, ce fantasme, il faut l’affronter. On va tellement loin dans ses ressources intérieures. Paris-Colmar, c’est un truc qui est imprégné, là au plus profond de nous.  "

(*) De 1926 à 1937, la course se disputait entre Paris et Strasbourg. De 1949 à 1959 puis de 1970 à 1980, certaines éditions ont été réalisées de Strasbourg à Paris. Depuis 1981, Colmar est la ville d’arrivée.

L'AVIS DE DINIZ

" Quand j’étais gosse, j’allais voir passer les marcheurs à côté de chez moi, près d’Epernay, dans la Marne. Mon professeur de sport était Jean-Claude Gouveneaux, le vainqueur en 1984. Je suis aussi allé à Châlons-en-Champagne pour le départ des femmes. Aujourd’hui, ça me passionne toujours autant. Quand tu fais de la marche, tu es forcément rattaché à cette épreuve. Dès que tu dis que tu fais de la marche, on te parle de Paris-Colmar.

On ne se rend pas vraiment compte de la teneur de l’exploit. Mais ça va au-delà du simple domaine sportif. Paris-Colmar, c’est une institution. C’est une autre dimension avec des qualités mentales très importantes. Il y a beaucoup de différences entre la marche athlétique " olympique " et une épreuve comme celle-là. Un bon marcheur sur 20 ou 50km ne sera pas forcément bon sur une telle distance. Et réciproquement même si le Russe Alexei Rodionov (vainqueur en 2000 et plusieurs fois sur le podium) a été bon sur 50 bornes. Contrairement à un 20km ou à 50km où il n’y a que l’aspect performance pure, sur une telle distance, il y a plein de paramètres à gérer : le mental, l’alimentation, la préparation. Ce doit être très particulier de ne pas dormir pendant trois nuits. Techniquement, c’est aussi complètement différent. Les juges sont plus cléments car c’est impossible de demander à un participant d’attaquer jambe tendue pendant 500 kilomètres. Il y a peut-être aussi un temps de suspension mais ça reste très léger car ce ne sont pas des grandes vitesses. Dans quelques années, en fin de carrière, je m’essaierai d’abord sur un 200km. Et puis bien sûr, je voudrais faire au moins une fois Paris-Colmar. Sans chercher la performance, comme un défi personnel. "

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Désolé pour la brièveté de cette news, mais suis débordé... La semaine prochaine sera en théorie plus calme et donc plus productive sur ce blog...