Pink Mountaintops - Outside Love (2009)

Publié le 19 juin 2009 par Oreilles
Stephen McBean a définitivement plus d’un tour dans son sac. Après avoir fait la une l’année dernière avec sa remarquable excroissance psyché rock Black Mountain, le Canadien barbu revient à ses premiers amours, à savoir Pink Mountaintops, version édulcorée de son songwritting. L’ambiance très lourde de In The Future laisse ici sa place à une relecture pop/folk de la musique traditionnelle américaine. Pour l’occasion, l’esthète s’est entouré d’une belle brochette de musicos principalement en provenance de la galaxie Constellation. Les demoiselles Sophie Trudeau de Godspeed You ! Black Emperor, Jesse Sykes de Sweet Hereafter et Ashley Webber de The Organ assurent notamment à tour de rôle le contrepoint vocal féminin avec McBean. Ted Bois de Destroyer est également de la partie, tout comme le batteur Keith Parry qui boucle le collectif plus que le groupe.
Hormis le choix de la pochette à l’eau de rose façon Feux de l’amour, McBean fait preuve sur ce troisième disque (après Axis Of Evol en 2006, et un éponyme en 2004) d’un goût et d’un savoir faire sans faute. Riche et opulent, son Outside Of Love remplit largement son contrat, pourtant à mille lieues de là où on aurait pu l’attendre en suivant In The Future. Le cru 2009 est tranquille, presque lent, mais c’est pour mieux décoller lorsque la troupe s’autorise quelques envolées emphatiques à la Bodies On The Water. Si l’on joue à décortiquer l’alchimie Pink Mountaintops, on constate que la rythmique est souvent pesante, mais que cela ne plombe en rien l’atmosphère principalement construite autour d’harmonies vocales mixtes en chœur, de cordes et de réverbs, ainsi comme le veut le genre d’une touche d’harmonica.

Le deux premiers titres, "Axis : Thrones of love" et "Execution" sont par exemple deux morceaux purement pop. Une batterie métronomique, un mélange de voix, une douce montée qui finit en apothéose. La production n’a rien perdu au moment du changement de nom. Que les montagnes soient noires ou roses, le son est dantesque, et forcément quand elles choisissent le rose, il se fait plus modeste. Les deux titres suivants, "While we were dreaming" et "Vampire" sont deux magnifiques ballades presque gospel, où les cantatrices ici présentes rivalisent de talent pour venir titiller Alela Diane sur son trône. Quant à "Holiday", il se veut plus joyeux et lumineux avec ses violons. A la moitié du disque (dix titres seulement), les Canadiens ont déjà fait le boulot, calmement, mais sûrement.
Le très Spectorien "Come down" prépare le terrain en douceur pour la mélopée folk bouleversante "Outside love". Neil Young est bien entendu à la fête sur ce qui s’avère être un habile mélange de folk, de pop et de rock, et donc d’americana sur "And I thank you". Le paysage sonore embrassé est passionnant, le chant de McBean touchant. A ce moment là ne restent que deux titres à se mettre sous la dent, la voiture balai "Closer to heaven" - tout est dans le titre - qui peut sonner comme du Spiritualized, et surtout "The gayest of sunbeams" qui ne ressemble à aucun autre morceau de l’album, ultra rythmé à la Arcade Fire.
En bref : Même s’il manque un petit quelque chose, Pink Mountaintops est désormais le parfait contre point pop/folk à Black Mountain, soient deux paysages sonores Américains (ok, Canadiens) amples et merveilleux. Quelque chose me dit que Stephen McBean n’a pas fini de nous faire remplir des lignes.
Le Myspace et la chronique de Mlle Eddie
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Le clip de "Vampire", "While you were dreaming" en version acoustique étouffée et "Closer to heaven" en mode dépouillée :