Généralement, Israël accorde un mandat de quatre années au directeur général du Mossad, avec une année reconductible pour "performances exceptionnelles", soit cinq ans au maximum. Mais depuis son entrée en fonction en 2002, Dagan est devenu l'homme de tous les superlatifs.
C'est la troisième fois que son mandat est prolongé.
Fils de rescapés de l'Holocauste, né dans un train entre l'Ukraine et la Biélorussie, ancien général sur le front libanais, Meir Dagan est devenu, en l'espace de sept ans, l'une des figures les plus marquantes de l'histoire de l'Etat d'Israël.
A l'interne, le directeur a dû gérer des changements importants : la surface du quartier-général opérationnel du Mossad près d'Herzilya a doublé, et son budget classifié a triplé. Selon des sources concordantes, le personnel de l'agence aurait passé de 1'200 à 1'500 employés ces cinq dernières années, ce qui a nécessité des aménagements du "pôle de renseignement nord", à Nes Ziyona.
De son côté, l'état-major du Bureau s'est installé dans "le pôle de renseignement sud", des bureaux nichés au coeur de l'un des bâtiments les plus connus de Tel Aviv. Mais son emplacement, que la censure gouvernementale interdit de révéler dans le pays, reste un mystère pour l'écrasante majorité des Israéliens, tout comme l'étendue des opérations du Mossad, dont le succès explique indéniablement la durée (record, depuis Isser Harel) de Dagan à la tête du service.
Cette promotion ne saurait toutefois occulter les échecs récents. Les pertes de réseaux-sources, essentiellement en milieux semi-fermés et fermés, tel que le Liban, ont considérablement ébranlé le Mossad depuis l'été 2008. Les cellules de soutiens-opérations, les cellules de recherche et les groupes d’action offensives, les « spotters » qui sont essentiels pour l’accès à certains milieux, ont été démantelés par le contre-espionnage du Hezbollah, assistés par le VEVAK, le renseignement extérieur iranien.
Cela dit, les données recueillies suite à l’exécution des plans de recherche de renseignement (EEI), correspondent aux prévisions annuelles. Le Bureau remplit son cahier des charges.
L'élimination en 2008 de Imad Mughniyeh, le terroriste le plus dangereux de la planète (devant Ben Laden) et du bras droit du Président syrien, Mohammed Suleiman (voir notre enquête) , mais surtout l'infiltration du complexe de Dar el-Zour, dont la destruction le 6 septembre 2007 est considérée comme le plus grand succès israélien de la décennie (voir notre article) , sont autant de raisons qui ont justifié le nouveau mandat confié à Meir Dagan.