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Il ne connait plus l’obligation d’y passer. D'ouvrir la porte, et d'en prendre plein les narines. De saluer poliment l'assemblée. De voir ceux qui passent juste avant, le regard inquiet. De s’assoir à son tour. D'être appelé. De trouver les mots pour se faire comprendre. De comprendre rapidement qu’il n’y arrivera pas. Et donc de s'attendre au pire, en voyant l’autre à l’oeuvre. De sentir la lame, qui s'aventure toujours trop loin, en parlant du temps "qui se radoucit souvent". Sentir ensuite une main le coiffer comme il ne le fait et ne le fera sans doute jamais. Se voir proposé un petit brushing, qu'il devra refuser en se justifiant. Et le coup du miroir. Le fameux coup du miroir, ou comment faire face au fait accompli. Puis payer, en maugréant intérieurement. Traverser la rue la nuque ouverte. Parcourir les trottoirs, au milieu de passants qui ne savent pas (même si les plus attentifs pourraient voir des indices). Marcher, marcher, toujours plus vite, pour rentrer, s'abriter, se doucher, pour sauver ce qui peut l'être, en évitant de croiser son reflet dans une vitrine, qui lui dirait dans un mois, t'inquiète, ça ira mieux, et qui rajouterait, goguenard, mais dans trois mois, il faudra y retourner.
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