le temps d’aller vers l’ouvert
le temps de se taire
le temps de prendre le souffle
de le perdre
dans les jours qui viennent
(avant que tout cela ne devienne
trop abstrait)
*
tu n’as qu’une bouche, une demi-poche,
des hasards
La parole qui existe comme des
vagues muettes
Les oreilles se tendent vers les matières
qui ne se prononcent pas
Le vert quitte les tiges
pour s’y perdre
Dehors,
sur ton épaule,
le petit jour, l’audace
*
On se laisse aller
(pas pour longtemps)
et ça n’a plus de sens
En tous cas, j’ouvre la
porte au poème, à la
poche de la crainte
Rien de sublime
Habiter la peur à
l’embouchure de la musique
*
et il y a toujours l’immense
à empoigner
Ne ronge plus tes ongles
Parle-moi, près de la table
des choses particulières,
des points d’appui
inachevés –
une tige, le hasard, l’oubli
Israël Eliraz, Dehors, José Corti, 2008, pp. 13, 17, 24 et 38