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« Un vent de liberté, C'est ce qui résume le mieux ma vie, ma rébellion, mes désirs, mes envies de mer. C'est le seul endroit où je me sens libre.»
Florence Arthaud est née le 28 octobre 1957 à Boulogne-Billancourt.
Fille d’éditeur parisien, elle s’intéresse très tôt au milieu de la voile, un milieu dans lequel se faire une place lorsque l'on est une femme est loin d'être simple...
mais il semble évident que c'est sur l'eau qu'elle se sent le mieux...et pour cause !!!
Voici quelques passages de ce livre (page 29 à 32) qui expliquent beaucoup de choses....
" Depuis toute petite, je suis bercée par les récits de mer et d'aventure, de montagne aussi.
Mon père étant éditeur, j'ai vu défiler à la maison tous ces auteurs au regard délavé, aux aventures lointaines, qui racontaient le souffle de la mer ou bien l'ivresse des hauts sommets.
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J'ai appris à marcher sur des skis et à nager sans bouée très tôt.
Nous passons toutes nos vacances d'hiver à la montagne, et l'été en Méditerranée, où mon grand- père a une grande maison au bord d'une crique.
Nous avons un petit ponton pour amarrer le bateau.
On fait du ski nautique le matin sur une mer d'huile, avant que le vent se lève pour sonner l'heure du dériveur.
Avec Jean-Marie (son frère ainé), nous faisons toutes les régates entre Saint Tropez et Saint Raphaël.
Hubert (son plus jeune frère) a lui aussi son petit bateau, un "mini-solitaire".
On est toute une bande, on se retrouve tous les ans.
Les parents ne nous voient pas de la journée, et on rentre le soir tout salés, les cheveux mouillés, bien fatigués après de bonnes journées sur l'eau, cramés par le soleil.
Nous ne faisons rien de mal.
Nous jouissons simplement de cet air de liberté.
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L'hiver c'est Val-d'Isère, magnifique domaine skiable rendu célèbre par Jean-Claude Killy.
Le ski avec Jean-Marie est intense : nous prenons la première benne le matin et fermons les pistes après avoir rayé la neige toute la journée.
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Nous passons tous nos week-ends en Normandie. Nous y avons de grands travaux de construction. Jean-Marie a de l'or dans les mains.
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Bref : nous avons tout.
Les bateaux, les vélos, puis les mobylettes et les motos.
Nous grandissons vite, à fond la caisse.
Nous avons le goût du risque et des sensations fortes.
Mes parents me récupèrent souvent à l'hôpital.
Et puis un jour, c'est beaucoup plus grave que toutes les fois précédentes.
A dix sept ans, juste avant le bac, je suis victime d'un terrible accident de voiture.
Ma vie bascule.
Fracture du crâne, hématomes au cerveau, paralysie, je ne suis pas belle à voir.
Je suis même défigurée.
Je passe six semaines à l'hôpital chez les grands traumatisés.
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Il faut tout réapprendre.
A marcher, à parler, à manger.
Il faut retrouver la mémoire, se souvenir de la vie d'avant, qui ne sera sous doute plus jamais la même.
C'est à ce moment là que j'ai compris la précarité de la vie, sa fragilité, son non-sens, son injustice parfois, et le combat qu'il faut mener pour rester digne face à elle.
A la sortie de l'hôpital, je dois respecter une longue période de convalescence, en attendant que mon électro-encéphalogramme redevienne normal.
Deux ans d'abstinence de tout, en vivant comme un légume, ou presque.
Tout m'est interdit : la moto, le ski, le tennis, tous les sports, je n'ai même pas le droit de mettre la tête sous l'eau, donc pas de plongée non plus
Tous les sports ....sauf la voile ! "
Deux ans plus tard, avec une énorme force de caractère, c'est la que tout commence.
Elle a alors 19 ans, et s’engage dans sa première traversée de l'Atlantique. Mais c’est en 1990 (à 33 ans), qu’elle gagne ses galons et devient l’une des figures incontournables de la voile française.
Elle améliore alors de deux heures le précédent record de traversée de l’Atlantique Nord en solitaire, record jusque-là détenu par Bruno Peyron, et remporte la mythique Route du Rhum à peine quelques mois plus tard, reliant Saint-Malo à Pointe-à-Pitre en seulement 14 jours, 10 heures et 10 minutes.
Dans cette autobigraphie, Florence Arthaud se raconte sans chercher à livrer un scoop.
Ses mémoires ne sont certes pas littéraires, mais elles sont écrites avec sincérité et beaucoup de spontanéité, sans langue de bois.
Parfois drôles, elles apprendront des choses aux plus jeunes, et rappelleront aux autres des souvenirs d’une époque moins formatée qu’aujourd’hui !
A la lecture de ce livre une chose est sûr...
... la mer coule dans les veines de cette grande navigatrice !
30 ans de course au large, ça laisse des traces...
Chaque page a une odeur de mer et l'on comprend mieux pourquoi elle fut longtemps surnommée «la petite fiancée de l’Atlantique».
«Cinquante ans, c'est le bon âge pour écrire l’histoire d'une gonzesse qui a navigué pendant trente ans. J’ai essayé de ne pas trop barber les gens avec mes histoires de bateaux. J’espère que j’y suis parvenue…»
Franchement... oui !!
«Un vent de liberté, C'est ce qui résume le mieux ma vie, ma rébellion, mes désirs, mes envies de mer. C'est le seul endroit où je me sens libre.»
Voile - Transat Jacques-Vabre - kewego
Allez, au plaisir de vous lire... .