De l'avis des experts, la situation actuelle consécutive à la baisse des taux de la Fed pourrait pousser l'institution à infléchir son discours
L'Agefi du 24 septembre 2007
Un casse tête monétaire. Voila bien une situation dans laquelle se trouve la Banque centrale européenne après que la Fed a abaissé d'un demi-point son principal taux directeur à 4,75% mardi dernier, alors que le taux de refinancement de la zone euro est resté jusqu'ici inchangé à 4%. La forte diminution du différentiel de taux entre les Etats-Unis et la zone euro a porté vendredi la monnaie européenne au-dessus de 1,41 dollar, nouveau record amplifié par les propos plutôt pessimistes sur l'économie américaine tenus la veille par le président de la Fed.
Ceci peut être aussi interprété comme un affaiblissement général du dollar qui a touché jeudi dernier un plus bas de 15 ans contre un panier constitué de 16 principales autres devises (dont un record vieux de 31 ans vis-à-vis du dollar canadien), mais cette évolution ne constitue pas une bonne nouvelle pour la compétitivité des entreprises européennes, spécialement sur les marchés du grand export.
"Le bond récent de l'euro à des niveaux records est un sujet d'importance pour la BCE", Confirme Bank of America.
Ceci est d'autant plus vrai que l'euro s'est également apprécié contre les devises chinoises et japonaises et que la croissance dans la région sera dans les prochains mois davantage dépendante du secteur manufacturier, après la publication d'un indice PMI composite en septembre particulièrement décevant dans le secteur des services ; la composante industrielle de cet indicateur étant elle-même au plus bas depuis novembre 2005, la progression du PIB a des fortes chances de passer au-dessous de son potentiel de croissance théorique l'année prochaine, selon de nombreux économistes bancaires comme Kenneth Wattret chez BNP Parisbas.
Les pressions inflationnistes sur les matières premières et la bonne résistance de l'économie européenne jusqu'à l'été dernier avaient pu justifier une politique monétaire privilégiant un biais haussier à moyen terme. La contamination de la crise financière à l'économie réelle, ou plus précisément une déterioration prolongée des conditions de crédit menaçant un peu plus l'activité économique de la zone euro, pourrait donc conduire la BCE à modifier son point de vue. Pour Bank of America, "la probabilité d'une baisse des taux est toujours faible". Mais la BCE pourrait déjà dans un premier temps faire évoluer son discours.