La navette américaine Atlantis s'est envolée lundi pour une ultime mission de réparation et d'amélioration du télescope spatial Hubble, qui en 19 ans d'existence, a révolutionné l'astronomie avec ses images de naissance d'étoiles ou de collision entre galaxies.
Cinq sorties dans l'espace sont prévues au cours de cette mission de 11 jours pour installer, remplacer ou réparer des instruments scientifiques sur Hubble, ce qui devrait lui permettre de rester opérationnel pendant encore cinq à dix ans.
Atlantis a décollé lundi de Cap Canaveral en Floride avec à son bord sept astronautes. La navette a quitté le pas de tir aux environs de 18h GMT, pour percer les nuages au-dessus de l'Atlantique. Le télescope Hubble se trouvait juste au-dessus du site, à 563km de la Terre.
Les responsables de la NASA ont annoncé que quelques débris s'étaient détachés du réservoir de carburant extérieur lors des premières minutes du vol, mais aucun n'a semblé heurter la navette. Des analyses vont se poursuivre dans les deux prochains jours et virtuellement chaque centimètre carré de la navette sera étudié pour s'en assurer. En 2003, la navette Columbia avait explosé à son retour sur Terre après que son bouclier thermique eut été endommagé par un tel débris lors du décollage.
Atlantis devrait atteindre mercredi le télescope en orbite, tandis qu'une autre navette Endeavour, se trouve sur son pas-de-tir, prête à décoller pour venir secourir l'équipage en cas de problème.
Mis en service en 1990, le télescope Hubble souffre de son grand âge. Les astronautes vont le doter de nouveaux accumulateurs électriques, gyroscopes, spectographe, circuits électroniques, systèmes de pointage permettant d'orienter avec précision le télescope vers les objets célestes. Une nouvelle version d'une caméra à grand champ sera installée, tandis qu'une autre caméra sera rénovée.
Aujourd'hui un succès scientifique, le programme Hubble a failli se transformer en échec retentissant. Lors de sa mise en service en 1990, le télescope voyait flou, en raison d'un problème sur le miroir principal. Les astronautes y remédièrent en 1993, en installant des lentilles de correction.
Deux ans plus tard, en 1995, Hubble fit définitivement oublier sa réputation de myopie, en prenant des images passées à la postérité: de gigantesques structures gazeuses dans la Nébuleuse de l'Aigle, amas dense d'hydrogène et de poussières au sein desquels se forment des étoiles. La NASA les surnomma les "Piliers de la Création".
Hubble, en définitive, a pris quelque 570.000 photos et contribué à affiner les connaissances sur l'âge de l'univers, aujourd'hui estimé à 13,7 milliards d'années. Selon la NASA, les nouveaux instruments devraient encore améliorer les capacités d'observation du télescope et lui permettre de remonter plus avant dans le temps, en observant des objets célestes âgés de "seulement" 500 à 600 millions d'années -distants de nous de quelque 13 milliards d'années-lumière.
La lumière se déplace à quelque 300.000km/s et parcourt en un an (une année-lumière) une distance d'environ 9.490 milliards de kilomètres.
Conçu à l'origine pour durer de 10 à 15 ans, Hubble a vieilli. Après quatre missions de maintenance (1993, 1997 1999, 2002), la NASA avait initialement décidé son abandon, jugeant en outre une nouvelle mission trop risquée après la catastrophe de la navette Colombia, détruite en 2003 lors de sa rentrée dans l'atmosphère. Mais l'intérêt scientifique du télescope justifie une nouvelle mission et tous les frais engagés, note Ed Weiler, directeur du département sciences de l'agence spatiale américaine.
Les réparations, qui s'apparentent à de la chirurgie spatiale, seront menées sous la direction de John Grunsfeld. A 50 ans, l'astronaute et astrophysicien a effectué cinq vols dans l'espace, dont trois consacrés à Hubble. Délicate, la mission ne sera en outre pas dénuée de dangers pour Atlantis et son équipage. Hubble est en effet sur une orbite, à 563km d'altitude, où les risques de collision avec des débris divers (fragments de satellites, de peinture, etc) sont accrus.
Et Atlantis, cette fois, ne disposera pas de filet de sécurité: la station spatiale internationale (ISS), qui peut servir de refuge en cas de "pépin", est hors de portée, sur une autre orbite plus basse. Les risques sont jugés assez grands par la NASA pour qu'Endeavour se tienne prête à décoller de Cap Canaveral, pour aller récupérer l'équipage.