Biodiversité : le palmarès des nouvelles espèces découvertes

Publié le 22 juin 2009 par Fouchardphotographe @fouchardphoto

Voilà de quoi remplir les cabinets de curiosités. L'Institut International pour l'Exploration des Espèces de l'université d'Arizona vient de rendre publique la liste des dix espèces les plus remarquables, découvertes en 2008. Du plus petit serpent jamais décrit, en passant par un caféier sans caféine ou encore une bactérie vivant dans la laque à cheveux, ce palmarès n'en finit pas d'étonner et de révéler une fois encore la formidable diversité du vivant. « L'âge d'or de la découverte » ne connaît pas de déclin. Le bilan 2007 du SOS (State of Observed Species) annonce 18 516 nouvelles espèces décrites, plus encore qu'en 2006. Les connaissances sur la diversité du vivant progressent sans cesse, et surtout, insiste Philippe Bouchet, directeur de l'unité Taxonomie-collections du Muséum National d'Histoire Naturelle à Paris, « l'exploration de la biodiversité n'est pas terminée ! ». Nominés par un comité d'experts internationaux, dont le chercheur du Muséum, les dix plus remarquables taxons découverts l'année dernière l'illustrent parfaitement. Du plus petit au plus grand, les nouveaux records de taille De quoi passer inaperçu. Un minuscule hippocampe a été découvert en Indonésie, les chercheurs l'ont baptisé Hippocampus satomiae. Il mesure 13,8 millimètres de long, à peine le double du plus petit vertébré connu, un poisson de 7,9 mm de long, vivant aussi en Indonésie. Mais dans le règne du minuscule, les biologistes ont également déniché un nouveau record de petite taille chez les serpents. Dans l'île de la Barbade vit une espèce de seulement 104 mm de long, le Leptotyphlops carlae. A une tout autre échelle, le plus grand insecte jamais découvert a aussi été décrit en 2008. Il s'agit d'un phasme, Phobaeticus chani, d'une longueur totale de plus de 56 cm. Telle une brindille suspendue dans les forêts mélanésiennes, il ne s'était lui aussi pas fait remarquer jusqu'alors.

Etonnants végétaux Il n'y a pas que chez les animaux que les nouvelles rencontres ont été stupéfiantes. Le monde végétal réserve aussi quelques surprises. Une espèce de caféier dont les fruits ne contiennent pas de caféine vient d'être trouvée au Cameroun. De quoi imaginer un décaféiné un peu plus naturel... A Madagascar, c'est un palmier géant qui a été décrit, le Tahina spectabilis. Très rare, cet arbre ne serait représenté sur l'île que par une petite centaine d'individus. Sa particularité est de fleurir au bout de 50 ou 100 ans, avec une inflorescence de 5 à 6 mètres de haut, tant spectaculaire qu'elle en est fatale pour l'arbre. Le palmier ne survit pas, en effet, à ses innombrables fleurs. De nouveaux venus Dans cette liste de dix, Philippe Bouchet fait remarquer le cas d'une limace découverte en Pays de Galles. Pour le biologiste, il ne fait aucun doute qu'après 250 ans d'histoire naturelle « la faune des îles britanniques est très bien connue, il est donc totalement inattendu d'y découvrir de nouvelles espèces ». Mais l'invertébré en question, une limace fantôme, blanche translucide, n'est pas originaire de Grande Bretagne. Il s'agit d'une espèce introduite, dont la provenance est inconnue. Appartenant à une famille endémique du Caucase, cette espèce n'y a jamais été décrite. Etonnant, le cas de la limace fantôme n'en est pas moins exemplaire. Il montre bien, soulève Philippe Bouchet, « que l'intensité des échanges internationaux est telle qu'aujourd'hui devant la découverte d'une espèce sur un site, on se pose la question. Est-elle nouvelle ici ou provient-elle d'ailleurs ? ». Vaste royaume inexploré... 1,8 million d'espèces vivantes a été décrit à ce jour mais la diversité du vivant est estimée dans une fourchette allant de dix millions à cent millions d'espèces. Il y a donc du pain sur la planche pour les taxonomistes qui découvrent chaque année quelque 16 000 nouvelles espèces en moyenne. Mais, comme le remarque Philippe Bouchet, « une part trop belle est faite aux vertébrés » auprès du public, dans les chiffres ils ne représentent que 25 % des nouvelles espèces décrites. Les recherches sur la diversité biologique s'intéressent à bien d'autres groupes et, devant l'immensité de l'inconnu, l'exploration est bel et bien d'actualité.

Elisabeth Leciak - www.univers-nature.com - Photo : Leptotyphlops carlae