1986 de Yu Hua est un livre difficile : il aborde un des sujets les plus sensibles de l’histoire chinoise contemporaine, la Révolution Culturelle.
Un enseignant est enlevé par les Gardes Rouges en 1966. Sa femme et sa fille ne le reverront plus. Elles reconstruisent alors leur vie avec un autre homme.
20 ans plus tard, l’ombre de ce premier père plane sur la ville : un étrange inconnu rôde en ville, des indices de plus en plus précis confirment qu’il s’agit de l’enseignant disparu. Cet homme aujourd’hui fou imagine des tortures sur les hommes qui l’entourent et il finit par se les appliquer à lui même. Comment accepter ce retour du passé ? La femme n’y parvient, elle se mure dans la peur et le silence.
Ce roman est très dur : la description des tortures est très précise, parfois insoutenable. Sans doute une manière d’évoquer les souffrances subies pendant la Révolution Culturelle, souffrances peut être plus indescriptibles encore.
Une question primordiale est au centre de ce roman : comment se reconstruire après de telles épreuves ? Reste-t-il alors une place pour un retour éventuel du passé ? Pour Yu Hua, ce n’est pas le cas : le roman est une succession de contrastes saisissants entre la folie des uns et la volonté des autres à vivre dans la légèreté de l’instant et du bonheur retrouvé.
Comme dans Vivre ou le Vendeur de sang dont je vous ai parlé la semaine dernière, Yu Hua aborde à nouveau un thème de la sombre histoire de la Chine. Comme l’écrit son éditeur français : « réécriture visionnaire de la révolution Culturelle, 1986 a d’emblée trouvé sa place parmi les grands classiques ».