Et si vous avez aujourd'hui entre 25 et 35 ans, il y a de grandes chances que vous soyez comme moi, complètement accroc et nostalgique à cette bande de sales gosses en manque d'aventures. Mais si j'étais aussi absorbé, c'était aussi parce que j'essayais d'aller au-delà de la nostalgie pure, d'apprécier le film pour ce qu'il est intrinsèquement. Car c'est quoi les Goonies avant tout : un film d'aventure dont les héros sont des ados comme les autres, des gosses de la classe moyenne confrontés au chômage de leur parents et effrayés par l'idée d'être séparés les uns des autres. Les Fratelli, les histoires de pirates, les monstres secoués trop près du mur quand ils étaient petits, c'est juste le folklore, le piment qui parfume le plat.
Et dans le genre, j'avais cette impression de n'avoir presque jamais retrouvé au cinéma cette sensation intemporelle qu'on peut avoir à regarder LES GOONIES, de retrouver les joies mais aussi les peines de la jeune adolescence, entre blagues de potache et peur de grandir, peur de l'inconnu et envie irrépressible d'aventure. Une sensation que j'arrive toujours à éprouver à 30 ans, près de 25 ans après la sortie du film, même en faisant abstraction de la nostalgie.
(J'en entend déjà hurlé qu'il y a HARRY POTTER et donc une parenthèse s'impose. L'apprenti sorcier et ses amis magiciens du dimanche me laissent de marbre, pour ne pas dire qu'ils m'exaspèrent totalement. Je ne retrouve dans ses aventures et tourments intérieurs strictement rien auquel je peux me rapprocher et qui ne corresponde aux souvenirs que j'ai de ma propre enfance/adolescence : ce côté "gendre idéal pour adolescentes pré-pubères", je trouve ça profondément déprimant. Idem pour les gosses du MONDE DE NARNIA qui aimeraient vraiment trop qu'on retourne/aille tous au catéchisme... NON MERCI !)
Parenthèse terminée. Car en me creusant la tête, en faisant appel à mes souvenirs cinéphiles de ces dernières années, j'ai quand même trouvé deux films qui pourraient bien être les dignes héritiers des GOONIES. Et oui, seulement deux... en 25 ans !
Le premier, c'est LES CHRONIQUES DE SPIDERWICK, sorti en avril dernier, l'histoire de trois frères et soeurs découvrant un monde de créatures imaginaires vivant cachés parmi les Humains. Comme dans le film de Richard Donner, l'action se cantonne aux abords d'une petite ville de province américaine et fait la part belle à une aventure débridée, entre course poursuite dans les souterrains abandonnés et combat au sabre contre des bestioles peu ragoûtantes en passant par une galerie de monstres sympathiques et prompt à la rigolade (Cinoque, si tu nous regardes !). Mais ce n'était que ça... de l'aventure !
Le second, c'est LE SECRET DE TERABITHIA, l'histoire de deux pré-ados s'inventant un monde imaginaire dans un recoin de forêt. A l'époque, j'avais mis ce film à la quatorzième place de mes films préférés de l'année car justement il me rappelait tout ce que j'aimais déjà profondément dans LES GOONIES : cette façon de mêler la noirceur, un certain réalisme social et les peurs enfantines les plus basiques à un univers magique et fantasmagorique plein d'aventure et de promesse. Mais on est très loin du divertissement comique !
Malgré le beau succès des GOONIES à l'époque de sa sortie, on a donc jamais vraiment retrouvé sur grand écran un film aux thématiques similaires ayant son charme désinvolte, son humour régressif et son rythme frénétique. Mais peu importe finalement, pas besoin d'héritiers... Les GOONIES NEVER SAY DIE ! Ils sont éternels et n'ont finalement pris aucune rides : il n'y a que ceux qui les regardent toujours avec autant d'amusement 25 ans plus tard qui en prennent...