Familles, je vous hai-me…

Publié le 21 juin 2009 par Boustoune


Quand Alain a épousé Nathalie, il a renoncé au métier pour lequel il était fait : la scène et les one-men shows. Ils se sont installés en banlieue parisienne et il a dû se cantonner à quelques animations dans les hypermarchés locaux. Ils ont deux enfants, un nouveau-né braillard et un aîné de dix ans débordant d’énergie et d’imagination pour effectuer les pires bêtises. Alain a également dû arrêter de fumer et se mettre au régime pour perdre le poids qu’il a repris en arrêtant de fumer… Mais il est prêt à supporter tous ces petits désagréments de la vie de famille…
Il a en revanche beaucoup de mal à supporter la famille de sa femme, et chaque dîner chez son beau-frère Jean-Pierre, à Créteil, est pour lui un vrai supplice.
 
Au cours d’un de ces dîners, il disjoncte à coup de poêle à frire, excédé par l’attitude hautaine de son beau-frère et de sa femme Catherine, de leurs vues élitistes sur l’éducation des enfants, des reproches qu’ils lui adressent à la moindre bêtise de son fils Lucien, alors qu’il doit supporter le ventre vide, les spectacles soporifiques de leur fille Gaëlle. Excédé aussi par l’attitude irrationnelle de son autre belle-sœur Roxane, qui, affolée par son horloge biologique, est prête à faire un enfant avec le premier venu, comme Bruno, ce jeune interne en médecine qui ne s’attendait pas à être présenté ainsi à toute la famille pour un premier rendez-vous amoureux…
Ce repas cauchemardesque se clôt par la séparation d’Alain et Nathalie, mais entraîne aussi une succession de micro-bouleversements chez les autres participants du dîner. Et toutes ces mésaventures vont réussir à resserrer les liens de cette famille un brin déjantée…
Fort du succès de Nos jours heureux, leur second long-métrage, les sympathiques Eric Toledano et Olivier Nakache persévèrent dans la voie de la comédie « nostalgique » avec Tellement proches, qui repose à peu près sur les mêmes recettes, entre inspiration autobiographique, répliques cinglantes et ambiance de folie douce.
 
Après un film évoquant leurs années d’éducateurs en colonie de vacances, ils s’inspirent cette fois d’anecdotes issues de leurs propres familles pour illustrer le thème des liens familiaux, souvent complexes.
Ils ont d’ailleurs fait appel à des proches pour jouer de petits rôles dans le film, et ont également rappelé des membres de leur famille cinématographique, qui figuraient déjà dans leurs films précédents. On retrouve Omar Sy, Jean Benguigui, Catherine Hosmalin et l’excellente Joséphine De Meaux, dans un rôle aussi déjanté et hilarant que celui Caroline, la monitrice faussement timide de Nos jours heureux, qui lui avait valu un prix d’interprétation féminine à l’Alpe d’Huez… A leurs côtés, plein de petits nouveaux dans l’univers du duo Toledano/Nakache : Vincent Elbaz, Isabelle Carré, Audrey Dana et François-Xavier Demaison, ou l’incroyable Renée Le Calm – Madame Renée - cette vieille dame parisienne révélée par Cédric Klapisch et qui, à 95 ans, continue à nous faire profiter de sa gouaille de titi parisien… Des acteurs nouveaux, peut-être, mais parfaitement intégrés. La grande force du film repose sur cet esprit de troupe, cette complicité affichée. On sent que les acteurs ont pris du plaisir à jouer tous ensemble, et ce plaisir est évidemment communicatif. Cela aide grandement le spectateur à accepter des situations reposant un peu trop sur des clichés et des émotions faciles.
 
Car on ne retrouve pas, hélas, le côté authentique qui faisait le charme de Nos jours heureux. L’ensemble paraît trop fabriqué, trop forcé, presque caricatural. Et même si la fin du film justifie pleinement ce côté artificiel de l’intrigue, on reste quand même sur une impression un peu mitigée concernant le scénario, qui aurait pu être un peu plus étoffé. L’émotion qu’auraient voulu faire naître les réalisateurs n’est du coup pas vraiment au rendez-vous…
Mais cette déception relative n’empêche pas d’apprécier l’aspect comique du film qui, outre ses irrésistibles numéros d’acteurs (dont une  séquence de danse assez savoureuse où Vincent Elbaz se trémousse sur "Let's all chant"), repose sur des répliques parfaitement ciselées et des gags très influencés par les meilleures comédies italiennes et les films de Woody Allen. Nakache et Toledano traitent par ailleurs avec un humour vachard et revanchard plusieurs sujets de société qui les agacent, comme les préjugés, le racisme « ordinaire », l’éducation des enfants ou le communautarisme religieux.
Il faut prendre Tellement proches pour ce qu’il est, un film sympathique et léger qui fonctionne à l’humour et à l’énergie et qui remplit parfaitement sa fonction première, divertir. Bref, une comédie entre copains à voir entre copains… ou en famille…
Note :