A l’occasion de la publication du livre “Archives secrètes du cinéma français (1945-1975) : Et Dieu créa la censure” et de l’ouverture du site Italia Taglia, Jean Gili, Laurent Garreau, Tatti Sanguinetti et l’équipe de la Cinémathèque de Bologne (Italia Taglia) proposent un “Double Regard” sur les censures des films en France et en Italie de 1947 à 1967. Le livre de Laurent Garreau dont ce cycle s’inspire est considéré comme la première histoire contemporaine de la censure des films en France.
Le public de ces séances va donc pouvoir découvrir quelques-uns des textes ciselés qui ont pu justifier interdictions, coupures et classifications de films tels que Le Petit Soldat (1958), Casanova (1955) ou La Religieuse (1967). Il verra, au détour de nombreux cas inédits, à quel point l’histoire de la censure en Italie et en France reflète les évolutions de nos sociétés depuis la seconde guerre mondiale.
Les sources utilisées pour raconter cette histoire proviennent d’archives inédites en France et en Italie. Du coté français, la consultation des archives des comités d’épuration, des autorités coloniales et de la commission de contrôle permettent de montrer, au fil des ans et des films, les multiples facettes de la censure cinématographique et de préciser l’ancrage moral et politique d’une administration en alerte sur le contenu de tous les films produits dans le pays. Du coté italien, les archives détenues par le ministère de la culture rendent compte de l’importance de l’influence de la démocratie chrétienne au pouvoir sur le contenu des films.
Dès le lendemain de la seconde guerre mondiale, et parce que le cinéma est devenu un art immensément populaire, la France et l’Italie déploient des structures de contrôle de leur industrie cinématographique qui présentent des caractéristiques communes. Ces séances sont l’occasion d’analyser de façon détaillée cette fonction politique de la censure.
On peut y comprendre comment, par les interdictions qu’elle décide et recommande, la censure peut inciter les producteurs à un cinéma de pur divertissement. Comment aussi, par le système de la “précensure” ou de la censure préventive (sur scenarii), s’installent des négociations entre producteurs et censeurs, les avis de la commission suscitant parfois l’autocensure chez les cinéastes, ce qui aura des conséquences indirectes sur les productions européennes et internationales.
Ce cycle nous conduit à la veille des évènements de 1968, au moment de bascule où, avec l’évolution des moeurs, le système de contrôle devient archaïque …
A travers cinq séances thématiques et la présentation de plusieurs cas de censure, le cycle “Regards croisés” aborde la représentation de la famille, du clergé catholique, de la sexualité dans les cinémas français et italien, la violence à l’écran et l’influence que les experts lui pretent sur les comportements criminels, et l’histoire politique et son cortège de sujets tabou.
Détail de la programmation :
- Dimanche 28 juin, 12 h 00, salle Scorsese : La Famille
- Lundi 29 juin, 12h45, salle Scorsese : Présentation du livre “Archives secrètes du cinéma français (1945-1975) : Et Dieu créa la censure” par Jean Gili et Laurent Garreau
- Mardi 30 juin, 12h15, salle Scorsese : La Religion
- Mercredi 1er juillet, 12h15, salle Scorsese : La Sexualité (2ème partie)
- Jeudi 2 juillet, 12h15, salle Scorsese : La Violence
- Vendredi 3 juillet, 12h30, salle Scorsese : La Politique
- Samedi 4 juillet, 12h15 : La Sexualité (2ème partie)
voir http://www.cinetecadibologna.it/archivi/italia_taglia