Par saint Yann Arthus-Bertrand ! Le développement durable atteint toutes les couches de notre société ; même celles de bébés ; jusqu'à déborder dans le neuvième art. Avec Janssens au scénario et Julien/CDM au dessin, ne vous attendez pas à une leçon magistrale sur le bilan carbone ou sur le tri des déchets mais plutôt à une sévère tranche de délires.
William Green, sorte de troufion des rangers du parc national du mont Rushmore est fraîchement promu au titre de Planet Ranger. Comprenez par là qu'il doit lutter seul contre toutes les mauvaises habitudes de ses compatriotes, un peu à l'image des pauvres institutions dont notre pays est doté en la matière : peu de moyens humains et des budgets dérisoires.
Pour couronner le tout ce Planet Ranger est une vraie buse : tout ce qu'il entreprend se retourne contre lui. Normal, quand on joue les empêcheurs de polluer en rond dans le pays le plus crado de la planète, les United States of America. Il commence donc par exploser le mont Rushmore, qui n'en demandait pas tant, puis met le feu à une bonne partie de la forêt qu'il est censé protéger. Et ce n'est que le début...
Le pauvre bougre se retrouve pêle-mêle attaché à une éolienne, lynché par le KKK, au milieu d'un lac avec de la fonte aux pieds, en prison avec un inverti, quand il n'est pas torturé par une machine à laver. À côté de lui Nicolas Hulot passe pour être Mac Gyver. Cette tension entre bonne action et catastrophe à l'arrivée, drôle au début, s'avère un peu lassante sur la durée.
On appréciera le dessin de Julien/CDM qui confirme une relève Fluide Glacée attendue pendant longtemps et concrétisée avec Cosmik Roger. Pourtant le scénario rame un peu ; c'est plus écologique qu'un bon gros 4X4, me direz-vous ; et place ce premier tome en demi-teinte dans la catégorie des « pourquoi pas ». Espérons que la suite saura trouver un ton peu plus de tranchant et politiquement moins correct digne du projet initial.
Si le coeur vous en dit, messieurs, mesdames, c'est pour la planète !
Planet Ranger, par Janssens et Julien/CDM, publié aux éditions Le Lombard, 10,40 euros