Barack Obama face à la grippe A Mondialisation.ca
Reçu du conseil de l'ordre départemental des médecins en date du 17 Juin 2009, les consignes de la conduite à tenir pour les syndromes grippaux.
Il n'est plus question d'hospitaliser les patients suspects de grippe A, « jusqu'à présent, le faible nombre de cas justifiait une prise en charge hospitalière ».
Seuls les cas potentiellement grave seront hospitalisés.
Une « attitude pragmatique » nous est proposée, certains éléments me laissant assez perplexe.
Il nous est donc proposé d'identifier les cas devant être dirigés vers le centre « grippe A » dédié de la région. Rentre dans cette définition des cas:
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Soit un cas possible répondant à la définition de l'INVS (syndrome grippal chez un patient ayant séjourné dans un pays contaminé, ou ayant été en contact avec un patient étiqueté grippé A)
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Soit... tout syndrome grippal défini par une fièvre supérieure à 38°5 et des signes respiratoires (de la toux, ou de la dyspnée c'est à dire une gêne respiratoire)
Hmmm.. 3 par jour depuis 3 semaines 1 mois rien que dans mon cabinet... ça va faire du monde ça, me dis-je.
Pour les autres, on ne prélève pas, on traitement de manière symptomatique (comprendre « Doliprane »), et on demande au patient de donner des nouvelles au 3ème jour.
Pour les médecins qui son en contact, nous sommes censés d'ores et déjà porter un masque protecteur type FFP2 si on pense qu'on va examiner un cas possible. (Ça me fait sourire, vous comprendrez pourquoi après).
Mais si par « malheur », nous examinons un cas possible, (on est pas encore devin , et on sait pas avant d'avoir examiné un patient , l'état de ce patient, et n'avons pas encore les hypothèses diagnostiques) sans nous être protégé, on doit porter un masque chirurgical , au cabinet, avec notre propre famille et environnement. Ceci, jusqu'au résultat du prélèvement du patient « suspect ».
Si le résultat du patient revient positif, un autre médecin nous prescrira du Tamiflu (.. il peut toujours le faire hein...), et on doit rester isolé pendant 24 heures (Plus de consultations, porter un masque en présence de notre famille, dormir séparément de son épouse/époux).
Globalement, on doit pouvoir être satisfait de cette mise au point, même si elle apparaît toujours irréaliste , loin du « pragmatisme » de terrain.
Comme déjà dit récemment, j'ai a peu près 3 syndromes grippaux par jour (Lundi dernier, 6 cas... en plein mois de juin, du jamais vu pour moi), tous sans exception sont sans gravité importante.
Que font ces patients ? Ils viennent aux consultations sans rendez-vous, dans une pièce de 5 mètres sur 3, avec tout les autres patients. Ils attendent, ils « patientent ». Une heure, deux heures , trois heures pour certains. Je vous laisse imaginer comme le virus doit se régaler de passer de l'un à l'autre.
Si on suit scrupuleusement le pragmatisme de ce courrier, en 8 jours, tout les médecins des alentours vont se retrouver confinés... qui va venir faire le diagnostic, et qui va prendre en charge le reste de nos pathologies de campagnes ? Aucune info là-dessus.
Financièrement parlant, même si l'idée persiste dans la population que les médecins sont des nantis, avec 4x4 et vacances aux Seychelles, le caractère « libéral » de la profession fait qu'on travaille 3 semaines sur 4 pour payer les charges, les impôts, la sécu, et la dernière semaine correspond à notre « salaire ». Un jour qui manque sur 7 de cette semaine là, c'est 1/7 ième de mon revenu qui disparaît. Qui prend en charge cette perte ? (En supposant que nous n'ayons pas été contaminés et qu'on puisse reprendre les consultations au bout de 24 heures... si on la chope et qu'on est coincé 7 jours... pas de revenu, on ne paie que les charges....)
Je trouve assez coton qu'on nous oblige d'un côté, mais qu'on prenne pas en charge de l'autre les conséquences de cette obligation.
Anecdote:
Lundi dernier au matin, une maman et ses 2 enfants de moins de 4 ans, toux, fièvre pour les 3, courbatures pour la maman (difficile à définir pour les petits). Appel au 15 qui me demande de les renvoyer à la maison, une équipe va venir les prélever à domicile. Ils ont passé 2h30 avec les autres patients, confinés dans la salle d'attente (concert de toux et donc de dissémination pendant 2h30).
Lundi fin d'après midi, rappel au 15 : « Non , nous n'avons pas les résultats, nous les aurons demain matin, je te rappellerai ».
Mardi, aucun coup de fil, je les rappelles « Pas de résultats, c'est le samu XX (autre département) qui a pris en charge »
Mercredi matin, la maman me rappelle, « Bon sang, on est aux urgences, ils ont prélevés Lundi dans la bouche, alors que c'est dans le nez. On a des masques. Mais les médecins disent que ca sert plus à rien de prélever parce qu'on a plus de fièvre. La petite tousse encore un peu »
Ils sont relâchés dans l'après midi sans prélèvement.
Ça me laisse perplexe là aussi.
Heureusement que cette grippette n'est qu'une grippette. On serait très mal sinon.
La grippe saisonnière habituellement cloue les patients plusieurs jours au lit, ceux qui l'ont déjà eu doivent comprendre de quoi je parle. Et là, tout ce qu'on entend, c'est des patients hospitalisés le lundi, qui sortent le mardi « guéris ».
Certes, il est probablement judicieux de garder sous surveillance rapprochée l'évolution de cette pandémie, et notamment de s'assurer qu'elle ne s'aggrave pas, qu'elle ne soit pas plus « mortelle », plus « virulente ». Mais en pratique, pour le médecin que je suis, à moins qu'on nous cache certaines informations, ça reste une virose respiratoire extrêmement bénigne.