Contre-temps ...

Par Ericsansault

17 juin – Mercredi

J’ai passé la fin journée d’hier à Windorah afin d’envoyer quelques emails et de me renseigner encore une fois sur le moyen de trouver les taipans en hiver. Le site WEB du GIBF (auquel je n’avais pas pensé jusque-là) m’a permis de trouver 4 points GPS où ont été trouvés des taipans à petites écailles. Je prends les coordonnées, les rentre dans mon GPS et, surprise, les 4 points se situent pratiquement à égale distance de ma position, vers le nord-ouest, sud-est … Je me situe donc au cœur de l’aire de répartition du serpent. Je décide de me rendre au point le plus proche, à 160 km, sur la route de Birdsville. La nuit tombe, je m’arrête sur une aire de repos pour dormir, à environ 60 km de ma destination. Le lendemain matin, je prends la voiture et me voilà parti sur mon premier « vrai » spot. Après environ 10 km, je regarde l’aiguille de température (reflex devenu vital, comme celui de vérifier tous les niveaux chaque matin) et je m’aperçois que la température est anormalement élevée et continue de grimper en flèche durant les quelques minutes pendant lesquelles je continue de rouler. J’arrête net la voiture au bord de la route et soulève le capot. Fumée blanche – pas bon – et liquide de refroidissement un peu partout sur le bloc moteur – pas bon du tout. Je mets le contact et du liquide refroidissement coule à mes pieds. Je suis à 120 km du garage le plus proche, en plein désert.
Je ne tarde pas sur place et décide de rejoindre la route de Windorah, un peu plus fréquentée que celle de Birdsville. Je prends le nécessaire dans un sac à dos et me voilà parti. Chance dans mon malheur, une voiture arrive. C’est un couple de retraités, Ian et Jane, de Newcasttle, NSW qui viennent de Birdsville et se dirigent justement vers Windorah. Ils m’emmènent jusqu’à la ville et après deux coups de téléphone passés par Bec du bureau d’information, me voilà chez Merve, le seul habitant qui semble toucher sa bille en mécanique. Merve et Sharon sont deux retraités qui ont grandi ici, ils habitent une maison à la sortie de la ville avec leur fils, Tony, et sa femme. Tony est pilote d’hélicoptère. Le garage et atelier de Merve occupent tout le sous-sol de la maison ainsi qu’une bonne partie du jardin. Pendant que nous rassemblons le nécessaire, Sharon nous a déjà préparé deux sandwichs qui nous avalons d’une traite. Nous prenons ensuite le 4X4 de Tony, qui n’est pas encore rentré du boulot, et nous attelons une remorque. Une heure plus tard, Merve a déjà les mains pleines de graisse et trouve rapidement le problème : un raccord entre le tuyau qui amène le liquide de refroidissement et le moteur est cassé. On extrait les débris, la pièce de plastique semble vieille, est poreuse et très fragile. Vers 17h00 nous arrivons à Windorah, où je gare la voiture devant chez Merve et Sharon.
Autre chance dans mon malheur : un avion de ravitaillement de la ville doit arriver demain et début d’après-midi. Merve appelle le responsable et lui décrit la pièce nécessaire. La pièce est disponible, tout est OK, il ne reste plus qu’à attendre le lendemain.
Sharon et Merve m’invitent pour le dîner et me font dormir dans la chambre d’amis, ils trouvent ridicule que je dorme dans ma voiture garée sur leur parking.


Merve et Sharon qui m’hébergent durant les réparations de la voiture.

Le lendemain, je vais lire mes emails à l’office de tourisme. Bec, à l’accueil, me dit que son cousin a récupéré un jeune serpent et le garde chez lui en attendant qu’il grandisse un peu pour ensuite le relâcher. Je rencontre le cousin, une armoire à glace de 2 mètres, avec la barbe et l’accent du coin bien prononcé. Il s’appelle Jabba, comme Jabba The Hutt, et c’est pas une blague ! J’ai donc la coche de Jabba The Hutt. Qui dit mieux ? Il garde le petit serpent dans une caisse en plastique et lui donne des grenouilles et des lézards, une vraie mère poule. Il pense qu’il s’agit d’un python de Children. C’est ce qui correspond le mieux aux photos dans son livre sur les serpents du Western Queensland. Je regarde la bestiole et constate qu’il ne s’agit pas d’un python et, après vérification dans le livre, nous mettons un nom sur l’animal : Denisonia vedisi ou Mud Adder (littéralement : Vipère de boue). C’est un jeune avec des couleurs chaudes et très contrastées, superbes. L’aire de répartition indiquée dans le livre ne couvre pas Windorah, je vais donc envoyer une photo au muséum de Brisbane pour qu’ils prennent note de la donnée. Par contre il est bien stipulé que cette espèce est venimeuse et potentiellement dangereuse. Et dire que c’est un gamin qui l’a trouvé près de l’école !


Denisonia devisi, ou Mud Adder trouvé par un enfant de Windorah.

En début d’après-midi, l’avion apporte la pièce à remplacer et nous passons la journée, avec Merve, les mains dans le moteur de la Holden. C’est une pièce provisoire, mais ça tient bien. La pièce d’origine arrivera lundi, cela me laisse le temps de retourner sur le terrain durant trois jours, ou plus. Je quitte donc Windorah en fin d’après-midi et me dirige vers l’ouest.


Banded Lapwing – Vanellus tricolor – nombreux dans les points d’eau qui bordent la route.

Je commence à connaître la route, puis de toute façon, c’est pas très compliqué, c’est tout droit. Je m’arrête sur quelques points d’eau provisoires pour observer l’avifaune locale. Yellow-billed Spoonbills (Platalea flavipes), Banded Lapwings (Vanellus tricolor), White-necked Heron (Ardea pacifica) occupent le terrain et s’envolent dès qu’un Wedge-tailed Eagle (Aquila audax) ou un Brown Falcon (Falco berigora) pointe le bout de son bec.


Brown Falcon – Falco berigora – en chasse avant la tombée de la nuit.

Vers 18h, je prends une piste de sable, direction « on verra bien », dans le but de trouver un endroit calme pour dormir. Des groupes de Kangourous roux et d’Emeux accompagnent le coucher du soleil. Ça déchire grave !


Rassemblement d’Emeux – Dromalus noveahollandiae. Je ne sais pas pour vous, mais moi, ça m’émeut.

PS pour la Dunnock Team : j’ai mes 100 coches piafs !