Lomig m'avait « tagué » fin avril dans une « chaîne » portant sur les antennes-relais et le principe de précaution* constitutionnel, à l'occasion du « Grenelle des ondes » organisé par le ministre de la Santé Roselyne Bachelot. Quelques jours après cependant, j'ai appris que mon emploi du temps allait se charger**, d'où mon appel à rédacteurs (que je réitère). Le « Grenelle des ondes » étant passé depuis deux mois, il n'y aurait aucun intérêt à vraiment poursuivre la chaîne, d'autant que Lomig a déjà tout dit : les antennes-relais ne sont pas dangereuses, non plus que les téléphones portables. Lomig explique l'initiative du « Grenelle des ondes » et le débat autour des « dangers » supposés mais jamais prouvés des téléphones portables et des antennes-relais (ainsi que des OGM), dont certains voudraient qu'il conduise au démantèlement des antennes-relais situées près des habitations (et donc à une moins bonne couverture du réseau national) et à la restriction de l'usage des téléphones portables par une propension politicienne à la démagogie et médiatique au sensationnalisme. Il est vrai que les scandales du nuage radioactif de Tchernobyl « s'arrêtant au Rhin », du sang contaminé, des farines animales, de l'amiante, et les accusations subséquentes, de la part des citoyens, de n'avoir rien fait, rendent les politiciens particulièrement enclins à se saisir de toute question d'ordre sanitaire pour agir (ou feindre de). Pour les médias, de la même manière, l'accusation potentielle de n'avoir pas alerté l'opinion à temps, couplée à la volonté de gonfler des événements pour vendre du papier ou gagner des parts d'audience (comme dans le cas de la « grippe porcine » actuellement) les pousse à légitimer, au mépris de la vérité scientifique, les revendications d'obscurantistes qui, sous couvert d'écologie, veulent mettre à mal les fondements de l'économie de marché. C'est le principe de la pastèque (du melon d'eau pour les Québécois): verte à l'extérieur, rouge à l'intérieur.
Le problème vient de ce que les écologistes, dont le récent succès aux élections européennes confirme les succès idéologiques passés (donnant ainsi raison à Gramsci), réussissent à faire croire à l'opinion, grâce à des médias complaisants et des formations politiques opportunistes, qu'ils sont des « progressistes ». La politique qu'ils prônent n'est pourtant rien moins que millénariste (cette idée que l'homme court à sa perte et qu'il doit se rédimer pour gagner le salut) et réactionnaire (le renoncement à l'électricité nucléaire par exemple, qui est un progrès technologique incontestable). Si l'on étudie attentivement le discours d'un José Bové notamment, on constatera assez vite qu'il n'est pas si éloigné de l'environnementalisme vichyste (« La terre ne ment pas », voilà un slogan que ne renierait pas notre « Astérix » de pacotille). Qu'il s'agit en vérité, selon les canons de l'heure, d'un authentique discours d'extrême-droite. Toute la mission des véritables progressistes, de ceux qui croient au progrès scientifique et technologique, devra être, à l'avenir, de confondre leurs contradicteurs écologistes. De prouver qu'ils ne sont pas des progressistes, mais des réactionnaires à classer avec l'extrême-droite.
Roman Bernard
* Qui est une pure escroquerie intellectuelle, puisqu'il est logiquement impossible de prouver l'inexistence d'un risque. Soit, donc, il y a un risque avéré, et les antennes-relais doivent ainsi être démantelées et les téléphones portables interdits, soit il n'y a aucun risque avéré, et il n'y a aucune raison pour interdire quoi que ce soit.
** Ce qui me prive dès aujourd'hui d'un séjour de deux semaines en Thaïlande avec un pharmacien bien connu de mes lecteurs, auquel j'adresse bien malgré moi mes vœux de bonnes vacances... Mais je reste à Paris en charmante compagnie.