Il y a eu l’affaire du voile islamique à l’école (loi du 15 mars 2004 interdisant les signes religieux ostensibles dans les établissements scolaires publics). Voici l’affaire du port de la burqa dans les lieux publics.
J’écris ce texte avant l’intervention annoncée sur ce sujet du président de la République à l’occasion de son message au Congrès.
Franchement, je ne vois pas pour quelle raison une personne n’aurait pas le droit de s’habiller comme elle l’entend.
On prétend – et c’est sans doute vrai dans un grand nombre de cas – que ce vêtement est porté sous la contrainte du mari ou de la famille. Mais même si cela était prouvé, ira-t-on demander à d’autres personnes, portant d’autres vêtements singuliers, s’ils le font de leur plein gré ? Évidemment non !…
Je vois bien que l’extension en France du port de cette robe-prison, qu’on l’interdise ou non, pose et posera toutes sortes de problèmes pratiques.
Surtout, cela démontre, s’il en était besoin, que le fossé loin de se combler se creuse entre ce qu’on peut appeler une modernité occidentale, et la morale islamiste. Et ce fossé se creuse à l’intérieur même de notre pays, du fait d’une population plus ou moins musulmane de quelque six millions de personnes.
Il y a évidemment une relation très forte entre d’une part la représentation des personnes, la relation du vêtement et du corps, et, pour les femmes, leur place dans la société, leur liberté, et d’autre part la culture et même la civilisation à laquelle les uns et les autres appartiennent.
À cet égard, la généralisation du port de la burqa, non seulement en Afghanistan et en Iran, mais aussi dans les pays du Golfe, au Moyen-Orient, au Maghreb et même en France est symptomatique moins d’un radicalisme religieux que d’un repli identitaire, dont la représentation féminine est la vraie pierre angulaire.
Or, dans le même temps, la représentation de la femme dans la modernité occidentale est de plus en plus dépravée, provocante et à la limite de la pornographie. C’est d’ailleurs sans doute en réaction à cette exhibition qu’un nombre de plus en plus grand de musulmans, en France et ailleurs, font le choix du rigorisme, au prix de l’enfermement des femmes !
Une soixantaine de parlementaires français de tous bords demandent une Commission d’enquête sur le port de la burqa. Pourquoi pas ? Les témoignages des uns, des unes et des autres peuvent être fort intéressants. Mais pourquoi pas, parallèlement, une autre commission d’enquête sur l’exhibition sexuelle post-moderne ?
En effet, essayons d’être logique.
Le politiquement correct est immigrationniste. Et, j’espère, favorable à la paix civile. Il vaudrait mieux, de son point de vue, j’imagine, qu’il y ait convergence plutôt que divergence entre l’occident et l’islam, sur ce terrain de la modernité. En somme, si l’on veut décourager la burqa, peut être faudrait-il rhabiller quelque peu les mannequins qui posent quasiment nues sur les affiches et les journaux pour promouvoir voitures et crèmes glacées…
Le problème est que ce sont à peu près les mêmes qui défendent cette pseudo modernité, dont la femme libérée est le symbole, qui de ce fait favorise le désir de burqa, et qui veulent l’interdire !…