Ma génération de trentenaires a passé ses mercredis devant des animés qui pour l'essentiel étaient japonais. ABProduction et notre chère Dorothée (paix à son nez) achetaient à la louche et n'étaient pas très regardants concernant le contenu. Mais que faisait le CSA ? Nous l'ignorons. Après tout ce ne sont que des dessins animés, ce n'est que pour les enfants.
Puis, Jack Lang, dans les années 80, s'est inquiété qu'il y avait quand même beaucoup de violence et que le marché français dans le domaine de l'animé audiovisuel était bien faible (70 % d'importations, ça fait beaucoup d'argent perdu...). Il a donc mis en place une politique pour booster la production française en imposant une part d'investissement aux chaînes.
Et dans les années 90, la production se met en marche avec des animés se basant pour beaucoup sur le patrimoine français tel que Albert le cinquième mousquetaire, les Misérables, ou venant de BD francophone, Tintin, Blake et Mortimer... Et la France devient troisième producteur du monde après les USA et le Japon.
Les animés des années 2000 se sont fortement contemporanéisés mais, et c'est là ou le bât blesse, il n'y a quasiment plus rien de français c'est qu'il faut exporter, Madame la Comtesse, et pour ça, dans un esprit bien français, il faut gommer le plus de spécificités possibles et même faire comme les concurrents américains ou japonais et c'est ainsi que bien que français, nous avons sur nos écrans Totally Spies dont l'histoire se passe à Los Angeles, Oggy et les cafards à l'environnement US,O-Ban Racer, qui sent comme un manga, ressemble à un manga et est un manga... Et la liste est longue, Ratz, les Zinzins de l'espace, Shuriken School, Toupou, le Club des cinq, Monster Buster Club, Martin Mystère, etc, etc, etc...
Mais heureusement, il y a Titeuf, Cédric et Foot 2 rue, Code Lyoko et grosso modo, c'est tout. Et je ne parle là que des des dessins animés pour les 8-12 ans.Il ne s'agit pas ici de faire des listes exhaustives, mais il est aisé de remarquer que montrer un quotidien, un environnement français, des moeurs françaises n'est pas le choix fait par les producteurs.Et je trouve ça vraiment surprenant surtout que les animés US montrant leur pays, leurs classes moyennes surtout, sont nombreuses, Hey Arnold, Sourire d'enfer, Jimmy Neutron. Il en va de même pour ceux japonais, que ce soit Olive et Tom, Pokémon, ou Dragon Ball, l'univers japonais est toujours là. Et la France achète, ravie de voir d'autres horizons.Alors, pourquoi ce déséquilibre ? Ne sait-on pas raconter une histoire de pré-ado français dans un quotidien français ? C'est trop moche de montrer nos couloirs d'écoles sans casiers, nos écoliers sans uniformes, nos campagnes sans cow-boy ou nos villes sans buildings en veux-tu-en-voilà ? Nos us et coutumes lambda sont si peu intéressantes ?Et bien, il faut malheureusement croire que oui et finalement c'est cette culture française-là que nous enseignons et faisons partager à nos enfants, la culture de la honte, de déni, du c'est mieux ailleurs. Et après nous nous étonnons que la France végète, se replie sur ses vieilles pierres.Et non, les dessins animés ne sont pas que pour les enfants, ils sont avant tout une affaire d'adultes qui devront un jour se rendre compte que les dessins animés seront une partie de la mémoire commune, de la culture de futurs autres adultes... Mais c'est vrai qu'en France, nous n'avons plus besoin de culture, nous avons un Ministère de la Culture et c'est apparemment suffisant.Et bé si, tu ne va voir même que de ça des Tchang Ecrit par Mrs Lee