Les rêves de ta vie profonde
libère-les de leur ténèbre.
Ils sont jeux d’eau et tombent
plus clairs et en pauses chantantes
dans le sein de leurs vasques.Toute angoisse n’est qu’un commencement ;
mais la terre est illimitée,
et la peur n’en est que le geste
et le désir en est le sens.
Rainer Maria Rilke, Poèmes de jeunesse, traduction de Jacques Legrand, dans Œuvres 2, poésie, Le Seuil, 1972, p. 73.
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Sacrifice
Je t’ai connue. Mon corps, depuis, par chaque veine,
fleurit en répandant un parfum plus subtil ;
vois, je marche plus droit, d’un pas toujours plus souple,
et pourtant tu ne fais qu’attendre. Qui es-tu ?Je sens le mouvement qui m’éloigne sans cesse
d’un passé qui de moi s’en va, feuille après feuille.
Seul demeure dressé l’astre de ton sourire
tout autour de ta tête et bientôt de la mienne.À tout ce qui, au fil de mes années d’enfance,
est encore anonyme et comme un miroir d’eau
je donnerai un nom, grâce à toi, sur l’autel,
qui est tout entouré du feu de tes cheveux
et à qui tes seins font une douce couronne.
Rainer Maria Rilke, Sacrifice, traduction de Dominique Ichl, dans Œuvres poétiques et théâtrales, Pléiade, 1997, p. 364.
(une contribution de Tristan Hordé)
Bio-bibliographie de Rainer Maria Rilke
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