Prendre les enfants avec soi, déménager. Aller voir la mer. Le pays de son enfance. Retrouver son frère, l'auto-école de ses parents, se fabriquer de nouveaux repères à partir d'un nouveau lieu. Investir le présent, coûte que coûte, parce qu'il le faut bien, parce que tout est devenu si difficile depuis qu'elle n'est plus là.
Se remettre à écrire - non peut-être pas - mais vivre, le moins mal possible...profiter de chaque instant.
Et renaître. Espérer renaître…
L'image du père, un peu bourru, assez imparfait, et pourtant terriblement attachant, aux petits soins pour ses deux jeunes enfants qu'il tente de préserver du désespoir et de l'attente, est une des plus belles qu'il m'est été donné de rencontrer en littérature.
Baigné par le vent, le sel, des personnages lumineux en quête de bonheurs simples, par une écriture limpide et sans fioritures, ce roman est un voyage vers l'essentiel.
En toile de fond, surnagent des disparitions, des exclusions, des drames, des actes manqués…des retrouvailles, parce que la vie continue, malgré les désirs de quiétude, et qu'elle est faite de cela, aussi, la vie.
Un grand moment de lecture. Merci Monsieur Adam !
Et je reste sur cette impression étrange qu'une suite serait possible, que l'histoire de cette famille a poursuivi sa route en dehors des pages du livre…juste après le mot fin.
Un extrait...
" Les jours qui suivirent me firent l'effet d'une promesse, la vie prenait des airs de vacances, les gamins dormaient tard, se levaient sans grognements ni larmes, et les heures filaient comme un long trait de lumière. On a fignolé deux trois trucs dans la maison, dévalisé quelques boutiques, mais l'essentiel on l'a passé dehors, à profiter de la mer et du sable qui s'offraient sans compter sous un soleil suspect, trop généreux pour la saison. J'ai pris ce qu'on me donnait sans broncher, ça faisait trop longtemps que la vie nous battait froid pour rechigner. J'étais juste un peu sur mes gardes, la méfiance m'était devenue une seconde peau, la parenthèse se refermerait sans prévenir. En attendant, les petits étaient calmes et sereins, de temps à autre un éclair de joie illuminait leurs visages, le paysage agissait sur eux comme un baume. On jouait au ballon pendant des heures, on se lançait des frisbees sous le ciel limpide, Manon creusait le sable sans jamais s'en lasser. Je m'installais à une table en plastique de la buvette, Denise m'apportait mon café et rentrait se réchauffer dans son salon de cuir. Elle m'avait vu grandir et se réjouissait de me revoir. Elle ne m'a rien demandé concernant Sarah. Ici tout le monde était au courant. "
ISBN 978 2 87929 646 3 - 20€ - JANVIER 2009
Un immense merci à Véro qui a fait voyager ce livre à travers les océans juste pour moi, et qui m'avait donné très envie de lire ce roman grâce à son billet et aussi grâce à cet extrait.
D'autres lectures : Clarabel l'a trouvé déprimant - Dda sur biblioblog a aimé, l'a trouvé lumineux et d'une force incroyable - Marie en est sortie complètement sonnée et lui attribue un coeur - Cuné nous parle de ciment, de famille, d'amour et j'aime bien - L'avis d'Amanda - Les buveurs d'encre sont enthousiastes -
Ce titre a reçu le Grand Prix RTL-Lire 2009