"Les actions de la FOTA dans son ensemble, et de Ferrari en particulier, s'apparentent à des violations sérieuses de la loi du fait d'interférences intentionnelles dans des relations contractuelles, des manquements par Ferrari à ses obligations." avait estimé la FIA dans un communiqué.
Et la Fédération d'avertir, nullement démobilisée : "Nous lancerons des poursuites judiciaires, et ce, sans délai."
Après des semaines de phrases assassines (parfois fausses !) et de menaces non voilées, les deux camps solderont donc sans doute leur conflit devant un tribunal. Le peu de crédibilité qui restait à la Formule 1 n'est finalement plus. Les pauvres spectateurs peuvent n'y rien comprendre. Sommes-nous dans le sport ou la politique ?...
Ferrari, première désignée, a rapidement fait savoir : "Nous ne ferons pas de commentaire." Mais la Scuderia a tenu à préciser qu'elle avait sollicité le 15 juin un arbitrage contre la FIA pour protéger ses droits contractuels dans ses rapports avec la FIA... Entre temps tout de même, la semaine s'est écoulée sans qu'un média ne soit au courant que Ferrari avait déjà "attaqué" la Fédération Internationale de l'Automobile. Après un premier procès, infructueux, devant un tribunal français, Ferrari retentera donc sa chance devant une chambre civile à Lausanne. Le conflit (ou la guerre ?) a probablement commencé de ce point.
Avant cela, jeudi soir, la FOTA, qui réunit huit des dix équipes de F1, avait déjà placé la barre très haut en annonçant qu'elle ferait sécession. "Il n'y a pas d'autre alternative que de commencer à préparer un nouveau championnat qui reflètera les valeurs de ses participants et de ses partenaires..." Puis : "Les principaux pilotes, stars, marques, sponsors, promoteurs et les compagnies historiquement associées avec le plus haut niveau de sport automobile feront également partie de cette nouvelle série." avaient poursuivi les écuries.
Non contentes de quitter la Formule 1, Brawn, Toyota, BMW, Toro Rosso, Red Bull Racing, Renault, McLaren-Mercedes et surtout Ferrari, l'écurie doyenne, partie intégrante de la F1 depuis ses débuts, affirmaient qu'elles partaient avec la caisse. Une telle déclaration de guerre ne pouvait rester impunie par la FIA. Le litige pourrait, bien sûr, ne pas se terminer devant les tribunaux. Mais il faudrait que les deux parties se mettent enfin d'accord, ce que leurs déclarations rendent improbable. "Certains éléments au sein de la FOTA ont cherché à arriver à cette issue tout au long d'une longue période de négociations." a accusé la FIA, alors que pour la FOTA : "La FIA et le détenteur des droits commerciaux ont fait campagne pour diviser la FOTA." Bref, la balle rebondit dans chaque camp.
FOTA et FIA s'opposent bien sûr sur le règlement 2010, comme nous vous le rapellons à chaque article, qui instaure un budget plafonné à 45 M€ pour les écuries qui le souhaitent, et qui en échange bénéficient d'indéniables avantages techniques, inratappable malgré des dépenses faramineuses. Les écuries peuvent choisir de ne pas s'y conformer. Mais elles doivent alors obéir à des règles techniques très pénalisantes, ce que refuse la FOTA. Ferrari, au budget de 400 à 500 millions d'euros, ne peut dans tous les cas réduire ses coûts par dix en un hiver, selon ses avocats, et tout simplement selon notre bon sens !
Les écuries veulent en outre renégocier l'accord commercial Concorde les liant à la FOM (Formula One Management), géré par Bernie Ecclestone.
Faute d'accord sur ces deux points, les grandes offensives ont donc été décidées.
Enfin, le président de la FIA, Max Mosley, se veut malgré tout optimiste : "Les écuries ne peuvent pas avoir le soutien financier pour lancer un nouvelle catégorie et ne peuvent pas se permettre de ne pas courir en F1." a-t-il tranché, ajoutant, persuadé : "La plupart reviendront finalement." De plus : "Nous devons laisser la porte ouverte." a-t-il déclaré à une chaîne sportive.
Peut-être que la FIA réussira à conserver ses dix équipes actuelles l'année prochaine, mais il faudra faire des efforts de tous les côtés, et en attendant, il y a un conflit judiciaire à régler, dont le seul avantage est qu'il fait gagner du temps !...