La plus grande preuve d'amour

Publié le 15 juin 2009 par Fbruno

Traité sur le sacerdoce SAINT JEAN CHRYSOSTOME

CHRYSOSTOME. — Et quel plus grand avantage, lui dis-je, que d'exercer un ministère que Notre-Seigneur Jésus-Christ a déclaré être une preuve de notre amour pour lui ? Car s'adressant au prince des apôtres : Pierre, lui dit-il, m'aimes-tu ? Et Pierre ayant répondu : Oui, Seigneur, il ajouta : Si tu m'aimes, pais mes brebis. (Jean, XXI, 15).

Lorsque le Maître demande au disciple s'il l'aime, ce n'est pas pour le savoir, lui qui connaît le fond des coeurs ; c'est afin de nous apprendre combien il s'intéresse à la conduite de son troupeau.

L'Apôtre répond : Seigneur, vous savez que je vous aime, prenant pour témoin de son amour celui même qui en était l'objet ; mais Jésus-Christ ne s'en tient pas là, il demande des preuves d'amour. C'est qu'en effet son désir était moins de faire voir combien Pierre l'aimait, puisque Pierre avait déjà donné plusieurs marques non équivoques de ses sentiments, que de nous montrer combien il aime lui-même son Eglise ; il voulait donner à saint Pierre et à nous cet enseignement, afin que nous ayons nous-mêmes un grand zèle pour ses intérêts. Pourquoi Dieu n'a-t-il pas épargné son Fils unique ? Pourquoi l'a-t-il livré, ce cher et unique objet de sa tendresse ? Pour se réconcilier les hommes devenus ses ennemis, et pour se faire (573) un peuple particulier. Et ce Fils lui-même, pourquoi a-t-il versé jusqu'à la dernière goutte de son sang ? si ce n'est pour racheter les brebis qu'il a remises aux mains de Pierre et de ses successeurs. Jésus-Christ disait encore : Quel est le serviteur fidèle et prudent que son maître a établi pour gouverner sa maison ? (Matth. XXIV, 45.) Voilà encore des paroles qui ont l'apparence du doute ; mais celui qui les prononçait ne doutait pas davantage en les prononçant, que lorsqu'il demandait à Pierre s'il l'aimait, moins pour s'assurer de son amour que pour montrer la grandeur du sien. De même ici quand il demande : Quel est le serviteur fidèle et prudent ? Jésus-Christ le connaît assez : seulement il veut nous montrer la rareté de tels serviteurs et la grandeur de leur ministère. Qu'on en juge par la grandeur de la récompense qu'il leur destine : Je vous dis en vérité qu'il l'établira sur tous ses biens. (Matth.

XXIV, 47.)