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Saigneurs d’hier et d’aujourd’hui

Publié le 19 juin 2009 par Maurice Puault




De tout temps, les dirigeants de ce monde ont usé de force et de stratagèmes pour contraindre les masses à leurs règles. Règles qui n’ont toujours eu qu’une fonction : « leurs profits ».


L’enseignement, réservé à une caste, fut longtemps un moyen de contrôle. Dans l’ignorance totale, en grande majorité analphabète, le peuple se pliait aux dirigeants, seuls érudits. Ils étaient ceux qui savaient, ceux qui possédaient la connaissance. Mais puisque depuis 1882, l’enseignement est obligatoire en France, comment nos dirigeants nous tiennent-ils aujourd'hui sous leur joug ? Sommes-nous si dépendants du système que cela ? Et si nous le sommes, quelle est la raison de cette soumission ?

Ces trente dernières années ont en fait édifié notre présent. Puisque le mot d’ordre a toujours été le profit, tout a été organisé dans ce sens. La classe dirigeante, politique et économique, a cependant besoin de nous pour mener à bien son programme, car nous en sommes un maillon indispensable, essentiel. En fait, tout repose sur nous. Travailler, produire des richesses (qui seront ensuite mises sur le marché) et consommer, voilà notre rôle à tous. Bien sûr, certains de ces produits et de ces richesses ont amélioré notre quotidien, on ne peut le nier. Mais il reste à définir ce qui nous est vraiment utile et ce qui n’est que simple produit de consommation. Quand on commence à bien réfléchir à cette idée, peu de choses nous sont réellement vitales. Le plus simple donc, pour que le système de consommation perdure et tourne à plein régime, est pourtant de nous faire croire qu'un maximum de ces produits nous est totalement indispensable, que leur absence serait un cruel manque dans notre vie quotidienne, et que nous avons besoin de les renouveler sans cesse.

Par quel miracle allons-nous décider de changer notre télé (qui fonctionne) pour un nouveau modèle (plus moderne) ? Pourquoi certains objets jusqu'alors inexistants ou inutiles sont-ils devenus si indispensables dans nos vies ? Il a d'abord fallu changer les mentalités. Cela a mis trente ans à se mettre place. Durant toutes ces années, le discours général s'est axé sur trois points essentiels qu'on nous a martelés sans cesse : 1/ ne faites rien vous-mêmes, on pourvoit à vos besoins, 2/ ne cherchez pas à vous entraider, on est là pour ça, 3/ surtout ne vous tracassez pas, on vous distrait et on résout vos problèmes. Résultat, notre système complexe, érigé par des technocrates, nous immerge dans des situations qui nous échappent complètement. Nous adoptons les solutions que ces technocrates ont pensées pour des problèmes qu’ils ont créés. De même, notre indépendance est rongée par une technologie qui nous dépasse. Le matériel qui nous entoure est de plus en plus complexe, nous obligeant, lorsqu'il est abîmé ou cassé, à le remplacer purement et simplement, sans pouvoir intervenir sur sa fonctionnalité ni sur sa durée de vie. Il est d’ailleurs essentiel pour le système économique actuel que personne n’en ait envie et continue à préférer le neuf, le « encore mieux », le toujours plus sophistiqué. Il ne serait pas « profitable » que celui qui sait réparer sa voiture répare celle du voisin.

Pour nos aïeux, pour qui l’indépendance et l’autonomie étaient d’une évidence vitale, certainement engendrée par les années difficiles qu’ils venaient de traverser, la solidarité, dans la vie comme au travail, tenait une place toute aussi évidente. Le rapport entre l’État et la Nation n’était, de fait, pas aussi étroit qu’aujourd’hui. Il faut ainsi préciser que la Sécurité Sociale ne s'est pas généralisée et a été rendue obligatoire que depuis 1945 (certaines assurances non obligatoires existaient néanmoins depuis 1928/1930) grâce au C.N.R. (Conseil National de la Résistance). À cette époque, la France étant financièrement à genoux il serait intéressant de savoir comment le système social a pu voir le jour dans une telle situation. Parce qu'aujourd’hui, époque où les richesses nationales se sont multipliées, tout semble être remis en cause. Pourquoi, et comment se fait-il que des écoles, des bureaux de Poste, des gares de petites villes ou de villages soient en passe de fermer leurs portes ? Notre pays serait-il dirigé comme une entreprise, dans laquelle les services qui ne sont plus suffisamment lucratifs sont purement et simplement éliminés ? Et pourquoi ne nous y opposons-nous pas ? L’individualisme et la volonté de réussite sociale nous ont enchaînés. Cette situation n'est qu'une conséquence de l'endoctrinement que nous avons subi durant ces dernières années. Nous en sommes là, alors que nous aurions pu nous consacrer à notre épanouissement et au bien commun.



Pourtant, certains pensent autrement et marchent à contre sens. Depuis plus de trente ans, des groupes et des communautés (peu importe le nom qu'on leur donne) vivent en complète autonomie, fabriquant leur électricité et leur nourriture sans aide extérieure. Cela peut paraître extrême, jusqu'au-boutiste même, mais il est bon de prendre conscience qu'une telle chose est possible, qu’il existe des alternatives au monde qu'on nous impose. En refusant le système de consommation, ces individus sont restés maîtres de leur destin. Même si cela implique des concessions, il est, je pense, préférable de rester maître de soi. De pouvoir intervenir sur les éléments qui nous entourent, de les choisir en fonction de nos propres besoins et non pas pour une quelconque démonstration de réussite sociale. D’ailleurs, ces artifices « flatteurs » pour notre ego et aux yeux des autres restent dictés par ceux qui sont en haut de l’échelle de notre système. Est-ce vraiment l’exemple que nous voulons suivre ? Est-ce vraiment cela que nous voulons transmettre aux générations suivantes ? Ne serait-il pas plus « flatteur » de jouir de biens que nous aurions nous-mêmes fabriqués ? Chacun de nous possède des compétences spécifiques qui, mises en commun, nous réapprendraient sans doute à marcher seuls. Par exemple, fabriquer son chauffe-eau solaire est relativement facile et peu coûteux (on trouve des plans très simples sur le net), alors que dans les magasins ils sont vendus à des prix exorbitants. De même que l’automobile, objet ayant pris une place très importante dans notre société, est devenue si complexe que très peu de gens peuvent l'entretenir eux-mêmes, préférant la confier à des garagistes agréés par des constructeurs pour le plus grand plaisir de ceux-ci. Prenant exemple sur les quelques garages associatifs existants qui aident l'automobiliste lambda à réparer son véhicule lui-même, il serait très simple de partager ses connaissances afin que chacun ne soit plus dépendant d'un monopole… Et ce, même si tout est organisé dans ce sens par ceux qui y trouvent un intérêt. Exemple : des systèmes permettant de réduire considérablement et facilement la consommation d’essence d’un véhicule existent (on trouve, là encore, explications et schémas sur le net), de même qu'il existe des méthodes qui permettent d'utiliser d’autres énergies dans ces mêmes véhicules, mais les brevets restent la propriété de grands groupes pétrochimiques qui les gardent jalousement pour ne pas mettre en péril leur rentabilité.

Alors, partageons, unissons-nous, débattons de notre avenir… bref, réapproprions-nous notre vie !

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