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Depuis l'annonce de l'initiative d'André Gérin, le mot burqa fait le tour de la blogosphère et des journaux ; aujourd'hui, une nouvelle étape semble sur le point d'être franchie, le gouvernement n'excluant pas de légiférer sur le port, ou plutôt son interdiction, de la burqa.
On voit surgir des interrogations sur l'opportunité de ce débat à l'heure actuelle, certains y voyant un aimable trompe l'oeil, ou attrape mouches, comme on veut, qui détournerait l'attention des "vrais" problêmes, tels que le chomage ou autres inquiétudes liées à la crise.
Rappelons d'abord que l'initiative de ce qui n'est pour l'instant qu'un projet de commission revient à un élu PC, peu susceptible, à priori d'obtempérer à une manoeuvre gouvernementale, quand bien même on trouve, à l'heure actuelle, une majorité d'UMPistes dans ses soutiens.
Il y a des problêmes plus urgents, c'est entendu, mais peut on pour autant faire l'économie d'un débat, d'une réflexion sur un phénomène qui, même s'il est très minoritaire, pose la question du "vivre ensemble" ? Après tout, une société est légitime à décider des codes régissant la vie en son sein.
Comme la loi sur le voile, la simple discussion de cette éventuelle interdiction produit d'étranges clivages et des convergences innatendues. On peut ainsi voir une partie de la gauche ou de l'extrême gauche, jadis à la pointe de l'anti cléricalisme se prononcer pour des pratiques totalement contraires aux principes de laicité alors que de l'autre côté de l'échiquier politique, des gens ravis de l'accord survenu entre la France et le Vatican sur la reconnaissance des diplômes catholiques se muent soudains en ardents apôtres (sic) de cette même laicité.
Voir une partie des auto proclamés héritiers de Jaurès ou de la Commune soutenir ce qui n'est qu'un obscurantisme religieux, suivant peut être la fumeuse thèse du prolétariat de substitution en vogue depuis une vingtaine d'année me navre totalement. De même que je trouve étonnant de voir fleurir des accusations de racisme larvé lorsque l'on s'obstine à prôner un différentialisme qui ne peut que déboucher sur un communautarisme aggravé, vecteur de tensions comme on peut le voir en Grande Bretagne, ou ce modèle a fait ses preuves.
S'opposer au port de la burqa fait il de vous un nostalgique des colonies, comme j 'ai pu le lire, ou un lepeniste honteux ? Dans mon cas, en laicard convaincu, et pour tout dire anti religieux, je pense que non. Je suis rarement objectif en parlant de religion, ayant tendance à toutes les placer dans le même sac (et à les appeler Gregory) mais , en l'occurence, il ne s'agit pas, arrêtons de déconner, d'interdire la pratique de l'islam mais bel et bien de s'opposer à la diffusion et la banalisation d'un message politique contraire à "nos" valeurs, valeurs que l'on peut revendiquer sans chanter la gloire du maréchal, les croix celtes et le regard sur la ligne bleue des Vosges.
Pas les valeurs d'une France éternelle, fille aînée de l'Église, "gauloise" refusant toute ouverture, terrifiée par le spectre de l'islamisme prophétisé par de borgnes menhirs, mais bien celles d'une d'un pays laîc ou les religions restent à leur place, dans la sphère privée, n'empiètant pas sur l'espace public, n'interférant pas politiquement.