Il est fréquent qu’on parte pour une chose et qu’on s’échoue sur une autre. Ainsi hier, le hasard et l’incompréhension nous ont fait descendre du bus là où nous ne pensions pas être. Dans ces cas, on s’étonne de choses ordinaires alors que celles qui sont étiquetées comme vraiment intéressantes se révèleront plus loin : la moindre maison de bois mérite une photographie mais à cinq cent mètres, celles que nous verrons les feront vite oublier.
Aujourd’hui à vélo dans les rues de Kyoto (pas facile, nous circulons comme les autres cyclistes sur les trottoirs, ce qui nous oblige à une gymnastique entre les piétons et à une vigilance de chaque instant pour ne pas en renverser un), nous nous sommes retrouvés au Palais Impérial au lieu du château Nijo, or il n’y a pas là grand-chose à voir si ce n’est un immense parc gravillonné, avec de loin en loin des carrés de végétation cernés de hauts murs : c’est là que se trouveraient les appartements impériaux, mais qu’on ne peut zyeuter que si l’on possède un permis…
Il faut un bon coup de pédale pour atteindre en pas trop de temps, à l’extrême nord-est de la ville, le chemin dit « des philosophes » que les japonais empruntent, paraît-il, le dimanche par milliers. Le Zenrin-ji est un temple sympathique, à flanc de colline, avec sa pagode qui domine et son escalier de bois recouvert par un toit d’écaille qui le fait ressembler à un dragon. Il jouxte une école enfantine où les petits sont soignés et éduqués par un personnel pléthorique (à chaque enfant son adulte référent au moins !) et peuvent jouer sur une caravelle en bois presque grandeur nature.
A quelques centaines de mètres de là, s’élève le Nanzen-Ji, un vaste monastère, avec en particulier son jardin Tenjuan, premier jardin de pierres que nous verrons avant bien d’autres… Quand l’art du jardin, qui consiste à maîtriser l’exubérance de la nature, va à son terme extrême, il ne reste plus rien semble-t-il que les pierres et le sable.
(photo de Bouddha extraite du site dharmawheel.net)