Même s'il est capable de sauver le monde des dangers environnementaux qui le guette, Nicolas Sarkozy a sans aucun doute du trembler de peur en apprenant que, profitant de son absence du territoire national, les dirigeants du PS et du MoDem se sont rencontrés. Une entrevue qui a en effet de quoi inquiéter le président de la République tant elle porte intrinsèquement en elle les germes d'une invincible armada face à la flotte UMP... enfin presque.
François Hollande et François Bayrou, puisque c'est bien d'eux dont il s'agit, souhaitent se mettre d'accord sur la réforme des institutions que le chef de l'État veut voir adopter au printemps et qu'il ne peut faire passer sans leur accord (la faute à la TVA sociale qui a plombé le second tour des législatives pour l'UMP). D'ailleurs le premier secrétaire du PS précise : "nous parlerons avec François Bayrou des institutions. Sur le contenu des politiques, c'est une autre affaire", avant d'ajouter qu'il n'était pas le moins du monde question d'aborder le sujet des municipales et d'éventuelles alliances. Bah oui quoi, un peu de dignité ne nuit à personne : la révision de la Constitution est nettement plus importante et moins triviale qu'une éventuelle victoire aux municipales. Pas de doute, ces deux là ont la grandeur de la France chevillée au corps !!!
Mais s'ils sont aisément tombés d'accord sur la nécessité d'introduire aux législatives un système de "proportionnelle correctrice" favorisant les petits partis et concernant 10% des sièges, ou la nécessité de renforcer les pouvoir s du Parlement (idée que l'on oublie vite une fois au pouvoir…), le PS et le MoDem ne sont par parvenus à se mettre d'accord sur un point capital qui à lui seul met en péril l'équilibre de la révision constitutionnelle : faut-il que le chef de l'Etat puisse venir s'exprimer devant le Parlement ??? Vu l'ampleur du fossé ainsi révélé au grand jour entre les deux formations, on comprend que Pierre Moscovici se déclare "pour un dialogue critique avec le centre pour vérifier ce qui est convergences et divergences entre nous". Pendant qu'ils dialoguent, même de façon critique, le gouvernement est tranquille pour faire ce qu'il veut…
Une chose est quoi qu'il en soit certaine : avec ses quatre députés, le MoDem se verrait bien revenir à la IVe République lors de laquelle des minuscules partis charnières faisaient et défaisaient les majorités. C'est du moins semble-t-il le rêve caché de François Bayrou qui s'y voir déjà en affirmant "nous avons la clé" du vote sur la réforme des institutions. Une phrase qui n'est pas sans rappeler son positionnement entre les deux tours de la présidentielle… avec le sujet que l'on sait.