Extrait d’un interview accordé hier par Richard Descoings à l’agence de presse AEF :
On peut réformer substantiellement le lycée sans revoir un statut qui date d’ailleurs de 1950. Heureusement que depuis cette date le lycée n’a pas manqué d’évoluer ! Mais je veux souligner que le terme que vous utilisez est très bon : «s’attaquer à». Il supposerait que tous les professeurs d’un côté et l’ensemble du ministère de l’autre s’affrontent bloc contre bloc. Or ce n’est pas comme cela que ça se passe. Les enseignants sont très nombreux, et ils portent des conceptions de leur métier qui peuvent être sensiblement différentes. Leurs organisations syndicales reflètent très bien ces clivages.
J’aurais pu dire, «allez-y attaquez-vous au métier enseignant». A partir du moment où l’on dit cela, on peut être sûr de bloquer tout le processus de réforme. Et à ce moment-là, qui paiera pour les disputes entre adultes ? Ce sont les jeunes. On ne peut pas attendre 2012, 2017 ou 2022 pour mener à bien des réformes importantes pour les lycéens.
Il est plus important de savoir comment accompagner les enseignants dans leur métier que de réformer les décrets de 50 ! Il y a une forte attente des enseignants sur ce sujet. Le déclin de la formation continue des enseignants est désastreux. Quelle organisation humaine de près d’un million de personnes peut se permettre de ne pas accompagner via la formation tout au long de la vie, des personnels qui ont un rôle aussi important pour l’évolution des jeunes ?
Il est intéressant de noter que Richard Descoings constate le «déclin de la formation continue», mais qu’il ne fasse aucun lien avec le statut des enseignants. Pourquoi une personne serait-elle désireuse de se former dans son métier, si son emploi est garanti à vie ? Le statut n’est-il pas, justement, la clef du problème ?