Le court été avec ses longues journées et ses nuits quasi-inexistantes a une signification très spéciale. Jaanipaev est célébré la nuit du 23 au 24 Juin, quelques jours seulement après le solstice d'été.
Histoire de la St Jean
la nuit de Jaanipäev était célébrée en Estonie bien avant l'arrivée du Christianisme bien que le nom actuel ait été donné par les croisés. L'arivée de ceux-ci n'a pas sonné le glas des croyances païennes ou des rites de fertilité entourant ces festivités.
En 1578, Balthasar Russow décrit dans ses Chroniques de Livonie et avec un léger écoeurement des Estoniens qui accordaient plus d'importance à cette nuit qu'au devoir d'aller à l'église. Il critiquait aussi ceux qui y allaient mais n'entraient pas et à la place allumaient un feu, buvaient, dansaient, chantaient tout en suivant des rites païens.
Pour les Estoniens, Jaanipaev correspond également avec la célébration de Võidupüha, le jour de la victoire sur les forces allemandes le 23 Juin 1919 durant la Guerre d'indépendance. A la suite de cette bataille, la nuit de la St Jean est liée au désir d'indépendance et de liberté.
Tradition et signifaction
Certains des rituels de Jaanipäev prennent leurs racines dans le folklore local. Le plus célèbre de ses rituels est d'allumer un feu de joie et de sauter au dessus. Ceci est censé écarter la malchance et apporter prospérité. Plus le feu est important, plus les mauvais esprits s'éloignent de vous et de votre récolte. Ne pas allumer de feu menace votre domicile d'être détruit par le feu.
Parmi la littérature et les légendes estoniennes, celle de Koit (l'aube) et Hämarik (le crépuscule) illustre l'importance de la période de Jaanipaev pour les amoureux. Les amants ne se voient qu'une seule fois par an pour échanger le plus bref des baisers durant la nuit la plus courte de l'année. Ils rejoignent alors la forêt pour rechercher la fleur de la fougère qui selon la légende fleurit seulement cette nuit. Les célibataires peuvent également suivre un certain nombre d'instructions (grâce à certaines fleurs) afin de savoir qui sera l'heureux(se) élu(e).
L'ancien Président Lennart Meri a de son côté proposé une toute autre interprétation dans Hõbevalg (1976). Meri suggère que les traditions de Jaanipaev mettent en scène la chute du météore de Kaali sur l'île de Saaremaa. Celle-ci aurait été une source d'inspiration pour de nombreuses histoires mythologiques Scandivanes et Baltes à propos du soleil tombant sur la Terre. Cette idée suggère que les feux de joie actuels et les célébrations symbolisent les connections de l'Estonie avec son passé.
Occupation soviétiqueDurant l'occupation, les soviétiques n'ont jamais tenté de réprimer ces célébrations. Pour les Estoniens cependant, cette soirée restait liée à leur victoire durant la guerre d'indépendance et donc leur liberté. Jaanipaev était donc l'occasion de se rapeller de son indépendance passée et d'entretenir l'espoir.
La tradition avant l'occupation était que le Président allume le premier feu le matin de Võidupüha (23 juin) et que celui-ci alimente tous les autres feux de joie du pays par l'intermédiaire de la flamme de l'indépendance.
Un peu avant l'indépendance de 1991, Jaanipaev devint un jour férié non officiel avant d'être définitivement converti en jour férié en 1992.