Il s'appelait Victor Cosson. Mais pour ses amis - et ils étaient nombreux…-, c'était "Totor" de Billancourt. Un vrai titi des faubourgs, auréolé de gloire le
temps d'un été et d'une troisième place sur le Tour de France cycliste 1938. À 93 ans, ce joyeux témoin d'une période faste des pelotons, ces années trente riches en champions tricolores, s'est
éteint chez lui, cette nuit, à Boulogne-Billancourt. "Ce sont des choses qui arrivent à cet âge-là !", nous aurait-il lancé en clignant de l'œil. N'empêche cher Totor, ta famille, tes
potes et tous ceux qui t'aimaient en ont gros sur la patate…
Tes histoires de courses d'avant-guerre, tu les racontais comme pas un. Sans chichis, ni grandiloquence. Tu aimais les partager
autour d'une bonne table, fourchette en l'air et verre à la main. Si ton appartement, rempli de souvenirs, semblait être resté dans son jus depuis tes folles années, tu ne vivais pas pour autant
dans le passé. Tes copains, tu les choisissais sans distinction d'âge, anciens coéquipiers, journalistes ou rivaux chenus, comme "jeunots" ayant à peine entamé la quarantaine. Des histoires
d'amitié toute simple, scellées dans la complicité d'anecdotes partagées autour de ta table de salle à manger ou de ton petit studio photo, où les clichés sépia de ta jeunesse n'arrêtaient pas de
faire des petits.
Jusque récemment, tu descendais toujours à pied tes quatre étages, tu allais faire ton tiercé au PMU du coin, casser la graine au
restaurant, saluer au passage ceux, nombreux, qui te connaissaient dans le quartier. Autonome comme beaucoup de nonagénaires rêvent de l'être, par la grâce de ces "gènes de
dinosaure", dont tu imaginais ta famille dotée, tant elle produisait de quasi-centenaires.… Hélas, même les dinosaures s'éteignent un jour. Ton enthousiasme aurait pu rendre jaloux bien des
gamins, mais ta mécanique, elle, était usée par la vie. C'est comme ça. Mais tu laisses un sacré vide, de ceux que même les plus valeureux coursiers n'arrivent pas à combler. T'as passé la flamme
rouge et la ligne d'arrivée en solitaire. T'auras sûrement une anecdote ou un bon mot pour Saint Pierre. D'anciennes photos à dédicacer pour tes supporters, qui au Ciel t'attendent depuis un
bail. Et nous autres, peloton d'orphelins, on suivra tôt ou tard, on le sait. On n'est pas pressés non plus… Mais quand on te retrouvera, cochon qui s'en dédit, on fera une bringue à déplumer les
anges du paradis !
Victor Cosson
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Vidéo produite et réalisée par le Conseil général des Hauts-de-Seine en juillet 2007.
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