Décidément les britanniques auront tout connu ! Après avoir été célébré par la totalité des dirigeants conservateurs d'Europe, le Royaume Uni est au bord du gouffre. En France, l'UMP qui avait accueillit Tony Blair à son congrès et le Président qui considérait que le Parti Socialiste français aurait du s'inspirer de cette "forme originale de socialisme" que représentait la gestion du New Labour, sont muets sur ce qui est en train de se passer.
Laminée par la crise financière dont elle porte une assez large responsabilité avec les Etats Unis, la Grande Bretagne joue au sauve qui peut !
Hérault du "tout services" au point de laisser son industrie disparaître ou se faire rachetter par le premier venu, la Grande Bretagne risque désormais de ne plus figurer au rang de puissance mondiale. Même "magic" Gordon Brown ne sait plus où il habite ! : Le New Labour est devenu tellement impopulaire que les syndicats qui le finançaient, ont décidé de le lâcher.
Autre mauvaise nouvelle pour le New Labour : Unison menace de ne plus contribuer à ses campagnes électorales s'il poursuit sa politique de privatisation des services publics. Il n'y aura plus de chèques en blanc", a dit son secrétaire général, Dave Prentis, lors d'une réunion du syndicat à Brighton.
Unison, la plus importante organisation du secteur public du pays née de la fusion de trois anciens syndicats professionnels en 1993 et forte de plus de 1,3 million de membres, a déjà décidé de supprimer le versement annuel de 100.000 livres (119.000 euros) destinées aux sections du Labour à travers le pays ... / ...
Les temps sont décidément durs pour Gordon Brown, premier ministre britannique et chef de file du Labour. Selon une étude réalisée à l'issue des élections européennes, 40% des personnes sondées se sont prononcées en faveur du Parti conservateur, contre 24% pour le Labour. Cet écart de 16 points est le même que dans le sondage précédent, mais les deux partis ont reculé depuis le mois dernier, les conservateurs recueillant alors 43% et les travaillistes 27%. Source France2
C'est dans ce contexte que Willie Walsh le patron de British Airways vient de proposer à ses salariés de travailler ... gratuitement !
LONDRES (AFP) — Selon le site internet de la radio-télévision publique, le groupe a lancé cet appel dans un courrier électronique adressé à plus de 30.000 salariés au Royaume-Uni. Cette proposition s'ajoute à une batterie de mesures d'économies déjà proposées par BA à ses employés. Depuis le mois dernier, le groupe leur propose, là aussi sur une base volontaire, de prendre des congés non payés ou de travailler à temps partiel, afin d'aider à réduire la masse salariale.
Cette nouvelle suggestion s'inspire directement de la décision du directeur général du groupe Willie Walsh et du directeur financier Keith Williams, qui avaient montré l'exemple en mai en annonçant qu'ils travailleraient pour rien pendant un mois. Selon la BBC, M. Walsh a défendu ces propositions en expliquant que chaque employé de BA devait apporter sa pierre à la "lutte pour la survie" que mène selon lui la compagnie.
BA a essuyé une perte nette part du groupe de 375 millions de livres (425 millions d'euros) sur l'année achevée le 31 mars, contre un bénéfice de 712 millions un an plus tôt. La compagnie a énormément souffert de la crise économique, qui a fait s'effondrer le trafic de ses très lucratives classes supérieures (-17,2% en mai sur un an). Source AFP/Google
Ce que ne dit pas le communiqué c'est que : Le directeur général de British Airways Willie Walsh, et le directeur financier Keith Williams, travailleront pour rien ... en juillet. Ce qui ne devrait pas être trop dramatique compte tenu des salaires perçus en temps normal par ces deux dirigeants. Car M. Walsh est payé 735.000 livres par an (831.000 euros) et M. Williams 440.000 livres - Source Les Echos
Une chroniqueuse du Journal The independent, nous donne sa vision de ce "geste" et de ses conséquences actuelles et futures (Intégralité du texte en anglais) Nous vous en donnons ci-dessous un extrait/adaptation :
L'annonce de Walsh est "remarquable" à cause du nombre de gens qu'il affecte, mais dans tout le pays, les employeurs font des demandes semblables à leur personnel. L'acceptation d'un gel des salaires ou le renoncement aux primes en sont les premiers étapes. Alors, on pourrait demander aux salariés de travailler une semaine de quatre jours (souvent demandé : un jour de congé bénévole). Puis ensuite leur demander de prendre des congés ... non payés. ... / ...
La vérité est que BA est en situation presque critique. Willie Walsh joue un jeu dangereux avec un personnel qu'il a contraint à accepter la situation . Il a écrit à ses 40,000 salariés, leur demandant pour se porter volontaire pour travailler gratuitement jusqu'à quatre semaines, espérant qu'ils mesureront l'horreur d'avoir un salaire réduit, calculé sur 11 mois de leur dur labeur, à côté de celle de n'avoir aucune paie du tout ... / ...
J'ai réfléchi à l'idée que Walsh était en train de tenter une expérience sociale "fascinante" avec son personnel. Un ultimatum de cet ordre : Travaillerions-nous plutôt gratuitement, ou pas du tout ?, appelle à se poser une question : Les salariés vont-ils bientôt penser à leur employeur comme "une cause" ? Beaucoup de personnes qui se portent volontaire admettent qu'ils en tirent autant d'expérience que des bienfaiteurs d'une oeuvre de charité ...
Ce que Walsh omet, c'est qu'une grande partie de son personnel intègre déjà la notion d'heures gratuites. En effet, par exemple, 89 % des managers travaillent déjà gratuitement 40 jours par an (heures supplémentaires bénévoles). Et que, c'est déjà 50 % de plus que les quatre semaines proposées par BA ... / ...
La question est bien posée : Les salariés vont-ils devenir des permanents bénévoles d'une grande cause ? A savoir : leur entreprise
Nul doute que les dirigeants et les actionnaires y trouveront leur compte, pendant la crise et surtout ... lorsque celle-ci aura pris fin. Car tout le monde sait qu'il ne faudra surtout pas compter sur des rattrapages ou des augmentations de salaires. En économie de marché, ce qui est pris est pris !
Il n'en reste pas moins qu'appauvrir les salariés joue contre l'économie de marché puisque voyant leur pouvoir d'achat diminuer, il achèteront moins. De facto, on jouera sur les salariés variables d'ajustement perpétuel, jusqu'au moment où ?
Comment disait notre Président, il y a peu : "refonder un capitalisme plus respectueux de l'Homme". C'est certain que ça en prend le chemin ...
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