La furtive
La furtive s’assoit dans les hautes herbes pour se reposer
d’une course
[épuisante à travers une
campagne déserte.
Poursuivie, traquée, espionnée, dénoncée, vendue.
Hors de toute loi, de toute atteinte.
À la même heure s’abattent les cartes
Et un homme dit à un autre homme :
« À demain. »
Demain, il sera mort ou parti loin de là.
À l’heure où tremblent les rideaux blancs sur la nuit profonde,
Où le lit bouleversé des montagnes béant vers son hôtesse disparue
Attend quelque géante d’au-delà l’horizon,
S’assoit la furtive, s’endort la furtive.
Ne faites pas de bruit, laissez reposer la furtive
Dans un coin de cette page.
Craignez qu’elle ne s’éveille,
Plus affolée qu’un oiseau se heurtant aux meubles et aux murs.
Craignez qu’elle ne meure chez vous,
Craignez qu’elle ne s’en aille toutes vitres brisées,
Craignez qu’elle ne se cache dans un angle obscur,
Craignez de réveiller la furtive endormie.
Robert Desnos, Les sans-cou [1934], dans Domaine public, Le Point du Jour, Gallimard, 1953, p. 251-252.
Contribution Tristan Hordé
Robert Desnos dans Poezibao :
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