Comment le Parti Socialiste peut emporter la présidentielle en 2012

Publié le 19 juin 2009 par Edgar @edgarpoe

A croire que je ne m'en lasse pas, je reviens sur les élections européennes. En réalité, ça me saoûle, comme tout le monde : l'Union européenne me semble un sujet tellement trivial que j'ai envie de passer à autre chose.

Encore un petit coup quand même, pour élargir le sujet aux prochaines présidentielles (oublions les régionales, qui ne serviront que de tour de chauffe, même si elles seront l'occasion de tester des alliances fort utiles pour la suite).

(au passage, les lecteurs perspicaces auront remarqué un net ralentissement des publications, directement proportionnel à ma charge de travail, qu'ils m'en excusent, ça va d'ailleurs continuer un moment).

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Hors donc, TNS Sofres, qui publie finalement des sondages pas si inexacts que cela - comme nous l'a appris François Bayrou à ses dépens - a mis en ligne un sondage réalisé le jour du vote, où l'on apprend des choses fort intéressantes. Principalement deux à mon sens :

1. Le PS n'est pas assez à gauche

La première trouvaille intéressante est la suivante : à la question "En ce qui concerne l'orientation adoptée par le Parti socialiste aujourd'hui, est-elle selon vous :

Trop à gauche : 12%

Pas assez à gauche : 38%A gauche, juste comme il faut : 27%

S'en fout : 23%

Détail intéressant, le % de ceux qui trouvent le PS pas assez à gauche est très majoritaire chez ceux qui ont voté Vert le 7 juin (58%). A croire que loin d'être des bobos aseptisés, les verts sont des anciens socialistes un peu lassés des dérives centristes du PS. Je gage que Manuel Valls n'a pas étudié ce sondage.

Dans l'électorat Modem ils ne sont que 28% à trouver le PS pas assez à gauche !

2. La population française est lassée de l'Union européenne

 Une première confirmation, les abstentionnistes avaient voté non à 62% au référendum de 2005. L'abstention n'est pas complètement neutre, c'est bien un raz-le-bol européen.

Autre question : "vous êtes-vous intéressé à la campagne pour les élections européennes ?"

Réponse : Non, à 76% Quelle claque ! L'huile de foie de morue qu'est l'Union ennuie tout le monde, candidats et électeurs compris.

La meilleure question : "Vous-même, diriez-vous que vous êtes très attaché, assez attaché, pas très attaché ou pas attaché du tout à la construction européenne ?"

Réponse :

Très ou assez attaché : 53% (dont très attaché, 17%)

Pas très ou pas du tout : 46%

Avec les tombereaux de propagande qui sont déversés pour chanter les bontés de l'Union, c'est incroyable comme niveau de mécontentement et de désintérêt (allez expliquer à votre conjoint que vous lui êtes "assez attaché", il comprendra immédiatement le message).

Enfin, à la question "D'une manière globale, diriez-vous que par rapport aux effets de la criseéconomique actuelle :

L'Europe nous protège : 31%

L'Europe aggrave plutôt les effets de la crise : 30%

L'Europe n'a pas d'impact : 30%

Ne sait pas : 9%

60% des sondés estiment que l'Union a été au mieux inefficace et au pire nuisible dans la crise. Autant pour les innombrables articles sur l'efficacité supposée de l'Europe qui nous protège de la mondialisation...

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Ma conclusion personnelle de tout cela :

1. il y a une forte demande pour un PS de gauche, pour un parti de gauche pivot, capable de ne pas mépriser les "gauchistes" tout en étant prêt à gouverner (avec un vrai programme de gauche, sans Manuel Valls, Mosco, DSK etc...) Si le PS continue à vouloir mépriser ses électeurs de gauche, ce sont les Verts qui prendront cette place, mais dans quinze ans, le temps de se construire une crédibilité.

2. les électeurs sont prêts à accepter qu'un programme de gauche ignore ouvertement les contraintes européennes, par exemple qu'il prévoie une nationalisation de Total, la fin de l'ouverture à la concurrence pour la Poste et la SNCF etc...

Mieux, je vois mal comment un programme de gauche pourrait ne pas s'asseoir sur les contraintes européennes, tant celles-ci sont imbéciles et structurellement de droite.

3. Cela exclut une candidature gagnante de Martine Aubry l'européenne, sauf si elle réussit à endormir les électeurs, mais cela exclut aussi Ségolène si elle persiste à vanter les Etats-Unis d'Europe comme la solution à nos problèmes...

4. Problème : il n'y a encore personne pour remplir le créneau des points 1 et 2 (un programme de gauche malgré Bruxelles). Le PS a trois ans pour qu'un de ses leaders comprenne qu'il peut ouvertement taper sur Bruxelles et s'offrir un programme de gauche, sans que son bras ne faiblisse à l'approche de la ligne d'arrivée de peur d'un désaveu. Peillon ? Fabius ? Montebourg ?