Partout sur la blogosphère le débat fait rage autour du sujet :
faut-il interdire la burqa ?
On a d’un coté ceux qui au nom de la liberté individuelle refuse toute interdiction, soit en toute sincérité par ce que ce sont des libéraux purs et durs, soit par stratégie car sous couvert de liberté, religieuse ou non, ils soutiennent en fait cette pratique. Il faut y ajouter les trolleurs musulmans qui accourent au secours de leur religion bafouée…
De l’autre coté il y a ceux qui sont prêts à passer le cap de l’interdiction car ils sont viscéralement opposés à la mainmise du religieux, à l’oppression des femmes ou à la progression de l’islam intégriste, voir de l’islam tout court, en France.
C’est oublier un peu vite que pour l’instant il s’agit seulement de lancer une commission d’enquête chargée de « définir des propositions afin de lutter contre ces méthodes ». On l’a bien fait pour les sectes, pourquoi ne le ferait-on pas pour des vêtements qui par les symboles qu’ils véhiculent posent problème dans nos sociétés ?
En fait c’est le number one qui en avouant un penchant pour l’interdiction a lancé le débat malgré lui (une centaine de commentaires en une journée !) suite à l’info de Romain.
Celui-ci utilise au passage contre ces voiles, l’argument religieux : « le voile intégral, comme le rappellent de nombreux théologiens musulmans n’a rien à voir avec la foi. » Aurélien fait de même : « ces voiles intégraux datent de bien avant l’Islam, et rien ne les impose dans les textes religieux. » Cet argument m’étonne toujours car cela revient à entrer dans un débat religieux interne qui ne concerne que les musulmans. Si l’on considère que ces pratiques sont intolérables et qu’il faut lutter contre elles peu importe dans un Etat laïque le point de vue religieux sur le sujet.
Nemo présente de façon assez dubitative les pistes légales possibles pour lutter contre ces pratiques. Rimbus émet une idée intéressante qui consiste à inverser la stratégie : « D’après moi, il ne faut pas punir celle qui porte le voile, ou la burqa (ça peut être volontaire, donc légitime), mais punir celui qui l’empêche de les retirer. » Les femmes voilées pourraient alors comme les femmes battues porter plainte et bénéficier d’un soutien. Mais le malaise ne serait pas dissipé pour autant.
Car ces voiles ne symbolisent pas seulement la dévalorisation, l’oppression de la femme, ils sont aussi une sorte de tenue revendicatrice des mouvements fondamentalistes musulmans. Et c’est cette double signification qui nous dérange.
Comme le dit Etiam : « Jouons franc jeu. Si on veut interdire la burqa, ayons le courage de dire que c’est parce que ça nous dérange, de la même façon qu’on serait choqué de voir quelqu’un en uniforme Waffen SS dans les rues de Paris. Toute société à le droit de définir ce qu’elle tolère ou non. Mais de grâce, évitons les bons sentiments paternalistes au nom desquels on prétend sauver les gens malgré eux. »
Le billet le plus inattendu vient de Suzanne qui a carrément testée la tenue !
En tous cas le débat est lancé, sur la blogosphère comme ailleurs. C’est mieux que la politique de l’autruche. Mais je ne peut m’empêcher de penser : on en est là…
Car comme le souligne justement un article de Marianne 2 « le débat n’est donc pas de savoir si la burqa se développe en France : 24 heures après la dépêche de l’AFP, personne ou presque ne le nie plus. La polémique porte dorénavant sur la nécessité, ou non, d’interdire ce « vêtement » dégradant. Cinq ans après la loi sur le voile à l’école, voilà où nous en sommes : déterminer si le port de la burqa à l’Afghane ou du niqab à l’Iranienne relève ou non de la simple liberté individuelle. Finalement, la laïcité est peut-être en train de perdre définitivement la partie. »
Je me souviens d’une époque – mais je parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître – où lorsque j’entendais le mot voile je pensais Atlantique, Route du Rhum, Tabarly…