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Aventures en Papouasie à la recherche de nouveaux poissons arc-en-ciel

Publié le 18 juin 2009 par Fouchardphotographe @fouchardphoto

MANOKWARI, Indonésie (AFP) — L'expédition scientifique a tourné à l'aventure pour des chercheurs français et indonésiens partis à la découverte de nouvelles espèces de poissons arc-en-ciel dans "l'enfer vert" de la Papouasie, l'une des zones les plus sauvages du monde.

"Notre expédition a été jalonnée d'obstacles. Et ce ne sont pas les crocodiles qui nous ont donné le plus de fil à retordre!", a résumé Laurent Pouyaud, à l'issue des cinq semaines de mission.

Ce généticien à l'Institut de Recherche et de Développement (IRD) savait à quoi s'attendre. Il avait déjà bravé les deux années précédentes les dangers de la Papouasie indonésienne, une terre de montagnes infranchissables, de jungles profondes et de rivières peu accueillantes.

Mais, à ces obstacles naturels, s'est ajouté cette année un contexte humain et politique délicat, lié au réveil des séparatistes papous à l'occasion des élections législatives du mois d'avril. Sur le qui-vive, policiers et militaires indonésiens ont renforcé leurs contrôles, compliquant fortement les démarches administratives auxquelles devaient se plier les chercheurs.

Les pirates ont également semé le trouble. "Une nuit, plusieurs hommes menaçants sont montés à bord pour nous racketter, et ils ont promis de revenir plus nombreux le lendemain. Nous n'avons pas traîné dans le coin!", raconte Laurent Pouyaud.

L'objectif des chercheurs de l'IRD et des deux instituts indonésiens APSOR et LORI-BIHAT était de répertorier et de découvrir de nouvelles espèces de Melanotaenia vivant à l?état sauvage dans les rivières du golfe de Cendrawasi. Ces poissons, dont la robe peut revêtir toutes les couleurs de l?arc-en-ciel, sont très populaires en aquariophilie.

Mais, dans cette région extrêmement isolée, toute arrivée impromptue d'étrangers provoque la méfiance. "Nous avons suscité une levée de boucliers dans un village dont les habitants se demandaient ce que nous faisions là. Je pense qu'ils avaient peur que l'on découvre leurs activités illégales de dynamitage des récifs coralliens", témoigne Amos, le guide papou du Service des Pêches de Manokwari, qui accompagnait les chercheurs.

De fait, les coraux sont dans un état "catastrophique", souligne Laurent Pouyaud. "Jusqu'à 20 m de profondeur, les récifs ont été massacrés à la dynamite. C'est devenu un désert, alors qu'au delà, les fonds sont magnifiques".

Dans cette région uniquement ravitaillée par la mer, la forêt primaire reste encore préservée... et dangereuse pour qui s'y aventure. "Après avoir remonté le fleuve Wapoga sur 130km en bateau pneumatique dans des conditions dantesques entre les troncs immergés, il nous a fallu marcher 35km dans la forêt primaire. Nous nous y sommes complètement perdus malgré la présence d'un guide de la région. Le GPS et Amos nous ont sauvés après deux jours difficiles!", raconte le responsable de l'expédition.

Malgré ces péripéties, toute l'équipe est rentrée à bon port avec un bilan scientifique jugé satisfaisant. "Nous avons déjà la confirmation de la découverte d'au moins une dizaine de nouvelles espèces. Les publications scientifiques sont en cours de rédactions", a résumé Laurent Pouyaud.

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