Ces derniers jours, un vent de folie a soufflé sur la génération dite des « quadras » au Parti socialiste. Ces quadras, qui n’ont déjà plus tous la quarantaine, ce sont ces hiérarques socialistes, assez vieux pour avoir bénéficié du dernier passage au pouvoir du parti, avec Lionel Jospin, de 1997 à 2002, mais trop jeunes pour ne pas espérer profiter, plus encore, d’une nouvelle occasion.
Ils ont eu une idée : être candidats à l’élection présidentielle de 2012 sur l’air de « pourquoi pas moi ? ».
Il faut dire qu’ils n’en peuvent plus. A force d’attendre, l’arme au pied et la rose au poing, une victoire nationale de la gauche, ils n’ont toujours pas pu goûter aux délices ministérielles. Malgré une traversée déjà longue, ils n’ont pas encore pu monter sur le pont. Et, évidemment, chaque nouvelle défaite éloigne un peu le jour de leur indispensable ascension.
Alors même que leurs aînés – la génération précédente qui, elle, a goûté au vrai pouvoir sous Mitterrand et Jospin –, ceux précisément qu’ils tiennent pour responsables de leur situation, refusent de lâcher la barre. Alors que les plus jeunes, la trentaine à peine dépassée, affichent leurs ambitions. Alors que les quadras de la droite ont déjà eu, eux, tout le temps de s’échanger portefeuilles ministériels et postes de commandement au parti, engrangeant ainsi une irremplaçable expérience.
Bref, à la fois lestés, pressés et cernés, ils piétinent. Et en politique, aujourd’hui, piétiner, c’est mourir. La seule idée d’une nouvelle défaite en 2012 leur est donc insupportable. Ce serait une nouvelle pelletée de terre sur le cercueil de leurs ambitions. Ils deviendraient alors trop vieux – un comble… – pour avoir une chance de jouer le titre suprême dans de bonnes conditions. Il faut dire que la perspective de devenir secrétaire d’Etat à 60 ans n’était pas vraiment inscrite dans leur plan de carrière.
D’aucuns diront qu’ils récoltent ce qu’ils ont semé. Et qu’à force de passer d’une écurie de présidentiable à une autre, de se mettre toujours à couvert plutôt que de prendre leur destin en main, de ne jamais avoir une idée plus haute que l’autre ou de ne jamais penser qu’individuellement à leur devenir… ils ne pouvaient pas espérer autre chose.
Certes, mais il est terrible de les voir se débattre avec tant d’énergie dans ce filet dont les mailles se resserrent dangereusement, même s’ils ont contribué à le tisser. On ne sait si l’on doit rire ou pleurer du caractère à la fois dérisoire et pathétique de ces parcours politiques dont on entrevoit déjà la fin avant même qu’ils n’aient pu réellement commencer.
Surtout, cela ruine encore un peu plus l’image du Parti socialiste et retarde d’autant son urgente réinvention.
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