EPISODE 5 : Où Le Servile Séide apprend, à son grand étonnement, qu'il va servir à quelque chose et où la mobylette maudite se prépare à faire encore des siennes...
L'auteur épargnera à ses lecteurs (il espère qu'il y en a plus d'un) la description de ces retrouvailles émouvantes, sûrement pathétiques, et très certainement mouvementées, pour en venir au moment où Gudule, ayant frappé le Servile Séide parce qu'il mettait de la mauvaise volonté à obéir, finit par obtenir du malheureux sa coopération certes un peu forcée, mais pleine et entière. Lorsque le caribou fou remit les pattes dans le grenier, il découvrit un corps allongé par terre et une sorcière en train de danser la rumba sur ledit corps qui appartenait au pauvre Séide. « On arrête la danse de la pluie, Gudule la nulle ! ordonna le caribou fou. Descends tout de suite de cet abominable abdomen ! » Libéré de sa tortionnaire, le Servile Séide se redressa et présenta à ses compagnons un visage rien moins qu'abîmé.
« Ca va pas être de la tarte, dit le caribou fou en se grattant une fois de plus le museau. Jamais les GPM ne le laisseront entrer dans leur antre avec une bobine pareille ! » « Mais si mon Maître, intervint Gudule, tu vas voir, je vais bien l'arranger. Avec un peu d'éosine, d'arnica et du sparadrap, il sera très présentable. De toutes façons, nous n'avons personne d'autre sous la main, alors il faut bien se contenter de ça. » La justesse de cette remarque rendit furieux le caribou fou et, de chaque patte, il allongea deux calottes à Gudule et deux gifles au Servile Séide, histoire de ne pas faire de jaloux. Puis, un peu calmé, il alla s'asseoir. « Voyons ce que tu peux faire pour le rendre potable », gronda-t-il. « Pourquoi n'utilises-tu pas tes pouvoirs magiques, ô mon Maître ? » demanda Gudule qui n'osait pas avouer qu'elle avait oublié l'éosine, l'arnica et le sparadrap dans le laboratoire maudit et ne se souvenait plus de la formule pour guérir les plaies et les bosses. « Pour que mon frère intercepte mes passes et découvre où nous sommes ? Ca ne te fatigue pas, à la longue, une couche pareille ? » fut la réponse sans ambiguïté, accompagnée d'une nouvelle gifle.
Sur la plage engalettée, on s'était réveillé et on se faisait des mondanités. Chacun demandait à l'autre s'il avait bien dormi, bien rêvé, etc. « Finalement, j'ai passé une très bonne fin de nuit, avoua Logarithme Prince Charmant. Je ne me doutais point que je pouvais dormir sans mes couettes et ma lampe de chevet en forme de vache. » « Loga chéri, c'est une véritable révélation, minauda la Princesse de conte de fée. Notre vie va en être bouleversée. » « On s'en fout, de votre vie, intervint Myxomatose. Il y a plus important : on a encore égaré le Masque de fer ! » « Mais non, dit Multimédia, coupant ainsi court aux lamentations qui commençaient à s'élever sur la plage. Il est là, dans la mer, il prend un bain. » « Il est pas bien, affirma Myxomatose. Avec un mistral pareil ! Ca doit cailler là-dedans ! » « Venez me rejoindre ! brailla tout à coup le Masque de fer. Elle est délicieuse ! Juste un peu fraîche ! » « A votre avis, il est sincère ou il frime ? demanda La Belle Monogramme en essayant de coiffer ses longs cheveux de Princesse. Et s'il frime, qui veut-il impressionner ? » Multimédia s'approcha d'elle et jeta un regard à Marsupilania, en train de contempler son vernis à ongle. « Notre chef, peut-être, glissa-t-elle à l'oreille de la Princesse. Il aurait peut-être eu ses chances avant l'arrivée du CDC, mais maintenant, il peut aller se faire voir ailleurs... »
Dans le grenier maudit, Gudule avait réussi à redonner un visage à peu près correct au Séide et le caribou fou s'était lancé dans de grandes explications. « Vous allez vous rendre tout les deux dans l'antre des GPM. Vous leur remettrez ce message que j'ai rédigé. Maintenant écoutez-moi moi, trépanés de l'entendement : l'antre des GPM se situe dans un endroit très particulier, une dimension parallèle à la nôtre et dans laquelle on ne peut pénétrer qu'en prononçant une formule précise. Vous allez monter à Notre-Dame de la Garde, vous entrerez dans ce machin gaufré et vous ferez cent enjambées de un mètre chacune dans l'allée centrale. Vous vous arrêterez et sans vous faire remarquer (vœu pieux !), vous prononcerez cette incantation... »
Descendre la mobylette du grenier fut pour le Servile Séide un jeu d'enfant. La poser sur le trottoir également. Les problèmes commencèrent quand Gudule émit la prétention de s'asseoir sur la selle et lui intima l'ordre de s'installer sur le guidon. « Ne vaudrait-il pas mieux faire l'inverse, ma douce colombe ? demanda le Séide, inquiet de la tournure que prenaient les événements. Je pense que je suis plus à même de conduire la mobylette dans les rues de Marseille. » Cette insulte monstrueuse lui valut une monumentale paire de baffes. « C'est moi qui vais conduire, limace baveuse, déclara Gudule. Tu vas ouvrir ce plan de Marseille et tu vas m'indiquer le chemin. Dépêche-toi parce que là, tu commences un peu à m'énerver. Tu te souviens de l'île Sainte Marguerite ? » « Oh oui ! fit le Servile Séide, épouvanté. Ce fut atroce ! » « Ca va l'être bien davantage si tu continues à me contredire », menaça Gudule. Maté, le Servile Séide s'assit comme il le put sur le guidon tandis que Gudule enfourchait la mobylette et démarrait dans un « vroum » époustouflant.
(Aïe, aïe, aïe ! Que va-t-il bien pouvoir se passer maintenant ? Quand on sait ce que Gudule, l'Abomination sans Nom, est capable de faire avec une mobylette, on a le droit d'être inquiet. Donc : vont-ils arriver vivants à Notre dame de la Garde ? Nos amis arriveront-ils à temps pour empêcher Gudule et le Séide d'entrer chez les GPM ? Au fait, c'est quoi, les GPM ?... La suite quand l'auteur aura retrouvé le temps perdu.)