Peut-on travailler de son lit ?

Peut-on travailler de son lit ? Cette question peut paraître incongrue et prêter à sourire. Et pourtant elle tout son sens lorsqu’on sait que le porte-parole du parti majoritaire et député des Hauts de Seine a récemment tenté d’imposer par la voie parlementaire, aux salariés en arrêt maladie ou congé maternité de travailler à partir de leur domicile. Sous couvert de « volontariat », ce projet est révélateur d’un état d’esprit ne respectant plus la possibilité aux employés d’être souffrant et de leur signifier sournoisement qu’ils sont responsables du déficit abyssal de l’assurance maladie. Consciente des déficits publics existants et souhaitant responsabiliser les individus et éviter l’assistanat excessif, cette tentative de faire travailler les salariés de leur lit (leur cerveau étant toujours en activité, dixit l’initiateur de cette proposition) me parait indécente et a finalement été rejetée par l’Assemblée Nationale. Cependant, à peine ce projet avorté, le Ministre du Travail a annoncé en début de semaine l’éventualité de reculer l’âge du départ à la retraite à 67 ans. 7 ans de plus qu'actuellement. Les tenants de cette réforme nous expliquent que nos voisins européens ont presque tous augmenté l’âge du départ à la retraite à 65 ans et qu’après 60 ans les individus sont toujours aussi alertes, dynamiques et entreprenants. Soit, j’en conviens parfaitement. Toutefois, ne nous voilons pas la face, rares sont les chefs d’entreprises et autres directeurs des ressources humaines qui embauchent des salariés à 60 ans alors à 65 ans… Dans le même temps la situation de l’emploi en France continue à se dégrader pour atteindre un taux de chômage de 8,7% au premier trimestre 2009. La Ministre de l’économie tente de rassurer les Français en indiquant que « c’est une dégradation très nette dans la moyenne de l’Union européenne mais cela se dégrade moins vite qu’ailleurs ». Les prévisions ne sont pas réjouissantes. Le taux de chômage des jeunes a crû fortement (+2,4 points) pour atteindre 22,7% en métropole et 23,5% pour les DOM, soit 3 fois plus supérieur que le taux de chômage des 25-49 ans. Si les jeunes actifs ne trouvent pas, ou difficilement, de travail n’y a-t il pas une incohérence intellectuelle et sociale à demander à ceux qui bossent déjà de le faire jusqu’à 67 ans ? Ne faut-il pas faire en sorte de trouver des solutions à ce taux de chômage galopant avant d’annoncer qu’il va falloir travailler plus tardivement ? Est-ce que l’on n’est pas en train de prendre le problème des déficits sociaux à l’envers ? Je n’ai pas de solutions immédiates et miraculeuses à proposer mais la façon dont nos gouvernants traitent les problèmes sociétaux ne me rassure pas et m’inquiète pour les générations à venir.

«Travailler plus pour gagner plus » IL disait... Effectivement c’est travailler toujours plus : plus souvent, plus péniblement, plus longtemps !