Benoît XVI, Homélie pour la Solennité du Saint-Sacrement 2009 (5)

Publié le 18 juin 2009 par Walterman

Saint Jean Marie Vianney aimait dire à ses paroissiens: « Venez à la communion... Il est vrai que vous n'en êtes pas dignes, mais vous en avez besoin » (Bernard Nodet; le curé d'Ars. Sa pensée - Son cœur, éd. Xavier Mappus, Paris 1995, p. 119). Avec la conscience d'être inadéquats à cause des péchés, mais ayant besoin de nous nourrir de l'amour que le Seigneur nous offre dans le sacrement eucharistique, nous renouvelons ce soir notre foi dans la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie. Il ne faut pas considérer cette foi comme acquise! Aujourd'hui, il existe le risque d'une sécularisation latente également au sein de l'Eglise, qui peut se traduire en un culte eucharistique formel et vide, dans des célébrations privées de la participation du cœur qui s'exprime dans la vénération et le respect de la liturgie. La tentation est toujours forte de réduire la prière à des moments superficiels et hâtifs, en se laissant submerger par les activités et par les préoccupations terrestres. Lorsque, dans peu de temps, nous répéterons le Notre Père, notre prière par excellence, nous dirons: « Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien », en pensant naturellement au pain de chaque jour pour nous et pour tous les hommes. Mais cette demande contient également quelque chose de plus profond. Le terme grec epioúsios, que nous traduisons par « quotidien », pourrait également faire référence au pain « supra-substantiel », au pain « du monde à venir ». Certains Pères ont vu ici une référence à l'Eucharistie, le pain de la vie éternelle, du nouveau monde, qui nous est déjà donné aujourd'hui dans la Sainte Messe, afin que dès à présent, le monde futur commence avec nous. Avec l'Eucharistie donc, le ciel descend sur terre, le demain de Dieu se fond avec le présent et le temps est comme embrassé par l'éternité divine. (à suivre)