Année sacerdotale - Entretien avec Son Excellence Monseigneur Mauro Piacenza

Publié le 19 juin 2009 par Walterman




Entretien avec Son Excellence Monseigneur Mauro Piacenza

Secrétaire de la Congrégation pour le Clergé

 

Excellence, pourquoi le Pape Benoît XVI a-t-il voulu proclamer une Année Sacerdotale ?


   Le Saint-Père a particulièrement à coeur, et c'est naturel, la vie, la spiritualité, la sanctification et la Mission des Prêtres. Cette Plénière de la Congrégation pour le Clergé, lors de l'audience pendant laquelle a été annoncée l'Année Sacerdotale, avait comme titre : « L'identité missionnaire du prêtre dans l'Eglise, comme dimension intrinsèque de l'exercice des 'tria muner' ». Il est urgent et nécessaire, à notre époque, de rappeler avec fidélité chez les prêtres et dans le Peuple saint de Dieu, la beauté, l'importance, et le caractère indispensable du ministère sacerdotal, dans l'Eglise, pour le salut du monde.

   Une Année consacrée à approfondir et à redécouvrir ce qu'est le Sacerdoce Catholique, en développant les temps de prière pour les Prêtres et avec les Prêtres, ne peut que faire du bien à toute la mission de l'Eglise qui, précisément dans le ministère ordonné, voit exprimée une des « notes » essentielles, que nous proclamons toujours dans le Credo du Dimanche : l'Apostolicité.

 

 

L'Année Sacerdotale a été proclamée à l'occasion du 150° anniversaire de mort de Saint Jean-Marie Vianney. Quelle figure de prêtre était le Curé d'Ars ?


   Le Curé d'Ars était avant tout Prêtre de Jésus-Christ ; c'est réellement dans l'imitation du Christ Souverain Prêtre et dans la mission accomplie en son Nom que se révèle le charisme pastoral. C'est le Christ lui-même qui unifie le Saint, par la grâce baptismale et surtout par la grâce sacerdotale. Saint Jean-Marie Vianney est « totalement prêtre » dans chacun de ses choix et de ses gestes, dans tout son être, et il en pleinement conscient ! Cette union profonde lui permet d'accompagner le Seigneur au Jardin des Oliviers, dans la Passion, jusque sur la Croix. Il a conscience, comme prêtre, d'être un des instruments privilégiés (d'où le grand sens de responsabilité) pour mener le monde à Dieu.

   Disciple du Christ, il fut pleinement fils de l'Eglise, de laquelle il a reçu beaucoup et à laquelle il a tout donné, tout en en restant toujours un fils humble et obéissant, libre et exigeant.

   Les Vertus théologales caractérisent la vie du Saint d'Ars, qui resplendit par sa foi, vécue pleinement de manière héroïque ; une foi toujours mendiée et à la foi claire et enracinée au plus profond de tout son être et de sa vie. Il fut par excellence un homme d'espérance, les yeux fixés vers le Ciel, il eut l'Eternité comme horizon ultime. Enfin, il a eu une charité « débordante » pour le prochain, qu'il aimait par amour de Jésus, et par l'Amour de Jésus. A côté des trois grandes vertus, les conseils évangéliques eux aussi ont représenté un élément fondateur de la spiritualité du Curé d'Ars. Il les a vécus pleinement, et il en retiré sa force pour la mission. Sans être un religieux, ou membre de quelque Institut, il les a vécus de manière non seulement exemplaire, mais réellement héroïque ! Pauvreté, chasteté et obéissance, ont été les lumières de sa vie.

 

 

Quelle « image » de prêtre pour l'homme d'aujourd'hui, le Pape propose-t-il dans la célébration de cette Année ?


   L'image de toujours! Celle que l'Eglise et la doctrine authentique ont toujours proposée, et qui trouvent une synthèse splendide dans la figure évangélique du « Bon Pasteur ». Certes, notre temps, avec les différences importantes entre l'Occident laïcisé et relativiste, et d'autres parties du monde dans lesquels, en revanche, le sens du Sacré est toujours très fort, connaît plusieurs tentations qui, inévitablement, portent atteinte également au ministère sacerdotal et qu'il sera nécessaire, avec l'aide aussi de cette Année, de commencer à corriger. Je pense par exemple à la tentation de l'activisme, qui touche de nombreux prêtres qui, s'ils semblent parfois héroïques dans leur dévouement, mettent bien souvent en danger leur propre vocation et l'efficacité de leur apostolat, s'ils ne demeurent pas de manière stable dans ce rapport vital avec le Christ, qui se nourrit de silence, de prière, de la « Lectio Divina », et surtout, de la Sainte Messe quotidienne, de l'Adoration Eucharistique et du Rosaire. Le Saint-Père lui-même, a rappelé aux prêtres : « Aucun prêtre ne s'annonce soi-même ou ne s'apporte soi-même, mais, dans et par son humanité, chaque prêtre doit être bien conscient d'apporter un Autre, Dieu lui-même, au monde. Dieu est la seule richesse que, en définitive, les hommes désirent trouver chez un prêtre (Benoît XVI, 16 mars 2009)

 

 

Comment sera vécue cette Année Sacerdotale ?


   L'Année Sacerdotale, comme l'a voulue le Saint-Père, ne sera pas une année « réservée aux Prêtres », mais à toute l'Eglise, à chacun de ceux qui la composent ; elle sera appelée à redécouvrir, à la lumière de la tension missionnaire qui lui est propre, la grandeur du don que le Seigneur a voulu Lui laisser avec le ministère sacerdotal !

   C'est dans cette direction que va également le titre très bien choisi par le Saint-Père pour cette Année : « Fidélité du Christ, fidélité du Prêtre », pour indiquer la primauté absolue de la grâce, comme le rappelle la Première Lettre de Jean : « Quant à nous, aimons, puisque Lui nous a aimés le premier » (1 Jean 4, 19), et, dans le même temps, l'adhésion indispensable du cœur à la liberté aimante, en nous souvenant que, le nom de l'amour, dans le temps, est : « fidélité ! ».

   Il s'agit d'un événement non spectaculaire mais que l'on voudrait qu'il soit vécu surtout comme renouveau intérieur, dans la redécouverte de sa propre identité, de la fraternité dans son propre presbyterium, du rapport avec son propre Evêque.

 

 

Quels fruits l'Année Sacerdotale pourra-t-elle offrir à l'Eglise?


   Ceux que Dieu voudra! Certainement, l'Année Sacerdotale représente une occasion importante pour regarder encore et toujours avec une stupeur reconnaissante l'œuvre du Seigneur qui, « la nuit où il fut livré » (1 Corinthiens 11, 23), a voulu instituer le Sacerdoce Ministériel, en le liant de manière inséparable à l'Eucharistie, sommet et source de vie pour toute l'Eglise.

   Elle sera alors une Année qui permettra de redécouvrir la beauté et l'importance du Sacerdoce et de chaque prêtre, en sensibilisant sur ce point tout le Peuple saint de Dieu : les consacrés et les consacrées, les familles chrétiennes, les malades, et surtout, les jeunes, si sensibles aux grand idéaux, vécus avec un élan authentique et une fidélité constante. Dans son discours de proclamation de cette Année, le Saint-Père le rappelait : « Il est urgent aussi de retrouver cette conscience qui pousse les prêtres à être présents, identifiables et reconnaissables par leur jugement de foi, par leurs vertus personnelles, mais aussi par l'habit, dans les milieux de la culture et de la charité, qui est depuis toujours au cœur de la Mission de l'Eglise ». L'Année Sacerdotale voudrait aussi maintenir et implorer du Saint-Esprit ses fruits de présence visible !

(www.fides.org)