La procédure est en effet difficile. "Il y a d'abord un agrément à obtenir, ce qui prend neuf mois pour ceux qui y parviennent, puis il faut encore attendre en moyenne 33 mois en France et 22 mois à l'étranger", explique Catherine Villeneuve-Gokalp, chercheur à l'INED, qui a travaillé sur cette étude.
Il est plus compliqué d'adopter un petit Français puisque seulement "700 ou 800 enfants peuvent l'être chaque année, et que souvent, les gens ne veulent pas un enfant handicapé et que 80% demandent un enfant le plus jeune possible", poursuit-elle.
En revanche, 4.000 enfants étrangers sont adoptés chaque année par des Français qui se rendent dans des pays divers. Ainsi, en 2006, 742 enfants ont été adoptés au Vietnam, 571 à Haïti, 408 en Ethiopie, selon des chiffres de la Mission de l'adoption internationale (MAI). Viennent ensuite la Russie (400), la Colombie (320), la Chine (314), Madagascar (117)...
Dans l'Hexagone, l'adoption est possible et elle est même gratuite, mais il n'est pas sûr que les demandeurs y arrivent en raison du nombre limité d'enfants disponibles. Et comme l'agrément ne dure que cinq ans, ils risquent d'arriver à échéance sans y être parvenus.
D'autant que certains sont prioritaires, d'autres non. Ainsi, les candidats sont majoritairement des couples sans enfant, stériles, socialement et économiquement favorisés. Les services sociaux ont tendance à privilégier ces catégories au cours de la procédure d'agrément, ce qui contribue à une auto-exclusion des candidats qui anticipent une issue négative à leur demande.
"Les couples, âgés de 35 à 39 ans environ, sont ceux qui ont le plus de chance", note Catherine Villeneuve-Gokalp, en soulignant l'importance de n'être ni trop jeune, ni trop vieux.
Sur 100 personnes qui demandent à adopter, 16 abandonnent en cours de route, dont quatre pour des raisons de divorce ou parce que la femme tombe enceinte, et 12 parce qu'ils se découragent, en raison notamment de la longueur de la procédure, ou après avoir rencontré un sociologue ou une assistance sociale.
Sur ceux qui persistent, 8% n'obtiennent pas l'agrément, la famille en question n'étant pas considérée comme un bon milieu pour l'enfant qui serait adopté.
Neuf demandes d'adoption sur dix sont faites par des couples et une sur dix par des femmes seules. Pour ces dernières, il est souvent plus difficile d'adopter. Seuls cinq hommes célibataires étaient candidats sur 1.856 dossiers étudiés.
Au bout du compte, les deux tiers de ceux qui obtiennent l'agrément (environ 8.000 chaque année) finissent par adopter un enfant. "Les plus motivés vont y arriver", assure Catherine Villeneuve-Gokalp.
Cette enquête a été réalisée par Catherine Villeneuve-Gokalp et Isabelle Frechon, deux chercheurs à l'INED, à partir de l'étude de 1.856 dossiers de personnes qui ont terminé une procédure d'adoption dans dix départements français.