Magazine Cinéma
Je me suis replongé dans mon adolescence hier matin. J’ai pris un énorme plaisir en assistant à la projection du long métrage de Riad Sattouf, "Les beaux gosses". Depuis plusieurs semaines mon intérêt avait été aiguisé par des teasers et une bande annonce diablement efficaces.
J’ai pu lire ici ou là que la critique avait couvert ce film de louanges et je peux vous affirmer que la première réalisation de Riad Sattouf mérite très largement les plus beaux compliments.
Hervé (Vincent Lacoste) est un adolescent au physique peu avenant et à l’intelligence moyenne. Il vit avec une mère célibataire, dépressive et envahissante (Noémie Lvovsky). Son parcours scolaire est on ne peut plus banal.
Entouré de son meilleur ami Camel (Anthony Sonigo), Hervé connaît les premiers émois de l’amour. Il est dingue d’Aurore (Alice Tremolières).
Hervé et Camel pratiquent aussi une masturbation assidue en "s’aidant" des catalogues de vente par correspondance. Les pages consacrées à la lingerie féminine ont tous leurs suffrages.
La première chose à dire concernant "Les beaux gosses" est que nous sommes aux antipodes d’un long métrage faits de clichés. Certes ces jeunes sont de notre temps mais ils ne passent pas leur temps sur le net ou au téléphone portable. Ces êtres ne sont surtout pas enfermés dans des cases médiatiquement correctes.
Ces jeunes sont entiers, généreux, drôles, pathétiques par moment, maladroits, très durs entre eux, violents parfois. Riad Sattouf les saisit au beau milieu de morceaux de vie.
Même s’il s’agit d’une comédie sur les amours naissantes d’un jeune homme, le metteur en scène n’hésite pas à mettre en toile de fond des problématiques très actuelles. Le racket scolaire est ainsi évoqué et la dépression nerveuse qui pousse un professeur à se suicider est évoquée avec délicatesse et pudeur.
Mais comme nous sommes au cinéma et que la tonalité générale est enjouée, le réalisateur n’hésite jamais à faire rebondir son œuvre avec des répliques qui font mouche.
C’est aussi un long métrage qui est très réaliste et qui n’hésite pas à appeler un chat un chat. On y parle de sexe sans retenue mais sans aucune vulgarité. A aucun moment le long métrage ne sombre dans le graveleux ou le lourd. Riad Sattouf évite de nous servir les idées reçues habituelles. Ces phrases sonnent justes et suffisent aux plus savantes démonstrations.
Son angle d’attaque est très bon et le réalisateur garde le cap. Son choix s’est porté sur un jeune homme ordinaire et ce fil conducteur lui sert à nous proposer des moments très drôles, des dialogues savoureux et des tranches de vie intéressantes à plus d’un titre.
Le passage, toujours délicat, de l’enfance à l’âge adulte est abordé ici avec une pertinence dans la manière. Son Hervé est un adolescent looser, introverti, désinvolte qui prend de l’assurance au fil du temps et qui trouve sa place dans ce monde ci.
L’histoire fonctionne et passionne aussi car elle agit comme un miroir qui refléterait nos propres souvenirs de ce temps-là. L’histoire de ces jeunes collégiens nous renvoie à nos propres errances, nos premiers élans amoureux, au temps où nous avons compris que la vie était loin d’être un conte de fée.
Du film "Les beaux gosses" se dégage une énergie débordante. Le spectateur tombe immanquablement sous le charme de ces héros bien ordinaires. Des adolescents qui constituent une incroyable et rafraîchissante galerie de personnages plus qu’attachants.
Vincent Lacoste et Anthony Sonigo sont de jeunes acteurs très convaincants. Ils marquent le long métrage de leur présence. Alice Tremolières bénéficie d’un personnage parfaitement dessiné.
Côté adultes Noémie Lviovsky est absolument irrésistible dans son rôle de cette mère dépressive. Il y a aussi quelques caméos opportuns mais je vous laisse les découvrir par vous-même.
Quand nous ferons le bilan de cette année 2009, je suis sûr que "les beaux gosses" auront marqué pas mal de monde. Le propos est intéressant, la réalisation est pleine d’énergie et les interprètes sont irrésistibles. A cela vous ajoutez une bande son dynamique et vous obtenez un long métrage très réussi, un film qui nous replonge dans nos années collège avec passion et nostalgie.