D.Cohn-Bendit a su épouser avantageusement les bienfaits du capitalisme, de la croissance et de la soupe médiatique. Un hochet parfait pour l’éviction des questions sociales en temps de crise. Il réussit, pour le plus grand bonheur de la bureaucratie bruxelloise, à faire croire que la problématique écologique est enfin prise au sérieux, en escamotant les ravages de la dérégulation économique.
Aujourd’hui, l’écologie prend la même pente. Elle est le paravent idéal à la crise qui vient. Le monde globalisé voit l’explosion sidérante du système financier, il attend les ondes successives, assourdissantes. On ne pourra rien pour les plus faibles. Les artifices verbaux tels que “la moralisation du capitalisme” vont rapidement rencontrer ses limites dans le monde physique. Alors, il faut penser nature, écologie.
Dans chaque organisation politique, une officine dédiée à l’environnement voit le jour. L’UMP n’est pas en reste. N.Kosciuzko-Morizet occupe le terrain. Aux présidentielles, elle est la caution écologique du candidat des industriels. Ensuite elle organise la tartufferie bien nommée “Grenelle de l’environnement”. La poupée diaphane continue d’arpenter les plateaux pour y prêcher avec son pointu accent versaillais, “une révolution écologique”. Elle fait même oublier, des fois, qu’elle fréquente le même parti que P.Devedjian, dirigé par le replet X.Bertrand.
À la manière des multinationales par l’entremise des publicitaires, les partis politiques ont colonisé un espace qui leur était inhospitalier. En effet tous prônent la croissance. Attendent avidement son retour. Ne pouvant s’opposer, ils s’approprient les codes. La firme Total voyant son image se dégrader a, de son propre chef, financé des campagnes d’actions visant à soutenir des fondations pour la biodiversité. Ce qui compte ce n’est pas ce que l’on fait, mais l’image que l’on donne de ce que l’on fait.
Au soir des élections européennes, R.Dati lança à Europe écologie “nous pouvons faire de grandes choses ensemble“. Aurait-elle lâché la même chose si le front de gauche avait réalisé un score de 18% ?
Toujours prompt pour évacuer la question sociale, le monde médiatique fait son beurre de la souffrance de la terre. Pour les écologistes français de juin 2009, les astres sont propices. La séquence hebdomadaire pré électorale laisse pantois. D.Cohn-Bendit occis F.Bayrou sur une question concernant ses rapports avec le président Sarkozy. Dans la foulée la superproduction d’un photographe en goguette alarme l’hexagone du péril qui menace la planète. Hasard pur.
C’est en 1968 qu’émerge une grande figure de l’écologie. Le 8 avril est fondé le “Club de Rome“. Un mois plus tard, un pitre rouquin s’entiche des médias. Quarante ans plus tard, on en parle encore. Beaucoup. De l’association d’A.Peccei, il ne reste que la sombre réputation de Cassandre. Par amnésie et diversion, la technocratie s’affranchit toujours des sujets gênants.
Vogelsong -18 juin 2009 – Paris