Le souhait de plusieurs députés français quant à la création d'une commission parlementaire destinée à une réflexion législative sur l'interdiction du port de la burqa dans les lieux publics relance le débat entre le cadre étatique et la liberté individuelle. Faut-il dans le cas présent, sous couvert de la loi, contraindre des femmes à abandonner un symbôle présenté comme religieux ? La République autorise pourtant à ses citoyens l'exercice de la religion. Il s'agit d'ailleurs d'un des fondements républicains essentiels pour préserver la laïcité de nos institutions. Les parlementaires ne font-ils donc pas fausse route en agissant de la sorte ? Certainement pas, car la burqa n'est pas qu'une figuration dite religieuse. C'est avant tout et surtout un instrument de domination de la femme par certains hommes se réclamant d'un islam qui pourtant n'est pas si extrêmiste concernant la condition féminine. En effet, le voile islamique n'est pas cet habit informe qu'est la burqa, jusqu'à être infame pour celles qui le portent en leur supprimant toute personnalité. D'aucuns rétorqueront que peut-être se trouvent parmi ces âmes cachées certaines agissant de leur plein gré, fidèles à leurs croyances. La soumission, quelque soit sa forme et si elle est volontairement acceptée, voire sollicitée, n'est certes pas justiciable. Il s'agit alors d'un sentiment personnel et c'est pour cette raison qu'il ne doit pas dépasser la sphère privée. Contraindre le port de la burqa consiste surtout à assister toutes celles, qui dans la très grande majorité la subissent, dans la conquête de leur dignité.