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Par Chroniqueur

Il ne s'agit pas de la suite des aventures de E.T., mais du film de Yann Arthus-Bertrand. J'ai "téléphone" maison, ô oui. Wouah! Je veux vivre sur cette terre qu'il m'a montrée. Je n'ai rien appris que je ne sache déjà. Mais je me suis souvenu, je me suis souvenu jusqu'aux larmes que c'est un miracle d'être vivant très précisément là, et j'ai vibré du chant du monde, quelques instants. Je suis retombé amoureux de ma Terre. Bougre qu'elle est belle! Oui, j'ai beaucoup voyagé sur mon canapé volant, où plutôt ce film a voyagé pour moi, en moi et j'ai fait un tour sur le carrousel de la vie, comme un enfant séduit par toutes ces lumières et toutes ces beautés. Ce film n'est pas vert, il est arc-en-ciel. Il donne à voir grand dans les moindres détails. Notre Terre vue du ciel est si belle, j'en ai encore des étoiles dans les yeux. Bien entendu que tout ça est un peu pipé, un peu financé, un peu moralisateur aussi. Bien entendu qu'on ne réalise pas une oeuvre pareille sans quelques concessions. Bien entendu qu'on est loin du bénévolat vert. Mais qu'importe, pendant 120 minutes j'étais sur les épaules des géants, des volcans, des montagnes, des arbres, des éléphants, de tribus aux savoirs ancestraux. Je n'attendais pas de Yann Arthus-Bertrand qu'il me fasse un film vu d'en bas, du fond de la décharge de mon village, une super production hollywoodienne sur les antres de mes restes, mes épluchures mises à nu, un voyage au fond de nos viscères. Pendant 120 minutes, je me suis rêvé vivant, sur ma Terre.
J'ai vu Home et je n'ai pas vu un environnement durable, mais la Nature. Ce point est important, la différence est énorme. Car soûlé de discours écologiques, de conseils à la petite semaine, j'en viens à perdre la vision d'ensemble, je ne me perçois plus partie microscopique mais active d'un tout. La tête dans ma poubelle, je n'y vois plus très clair et j'oublie que je n'existe que par l'existence de l'autre, comme le dit Yann Arthus-Bertrand.
J'ai vu Home et notre Terre menacée du pire fléau qui soit, la grippe H1, l'homme qui se veut le roi, l'homme qui écrase l'autre homme et qui asservit la nature non pas pour sa survie, non, mais pour son confort, l'homme des traditions et des savoirs perdus qui a plus d'égards pour ses poubelles que pour son prochain. L'homme qui sanglote avant la sentence mais qui, pour autant, ne change rien à son mode de vie. J'ai pris en grippe ce discours gentillet qui m'explique que je suis un bon citoyen si je trie mes ordures. La citoyenneté ne passe pas par ma poubelle, mais par le souci que j'ai d'autrui. Il vaut beaucoup plus que mes ordures. Car comme le rappelle si bien le film, tout est dans le lien, tout est dans la relation, le partage. La relation est tout. Au lieu de faire religieusement la queue devant nos décharges, retournons dans nos églises ou allons faire la lecture à une personne âgée ou aidons notre voisin ne serait-ce qu'une heure par semaine. Goûtons la richesse d'un échange. Cultivons le jardin de notre être plutôt que de passer un beau samedi d'été dans des supermarchés. Je ne veux pas m'intéresser à mon compost, mais à la résurrection du lien, ici et maintenant. Oser se regarder, oser se sourire, tendre la main. Je crains qu'un certain catéchisme écologique ne devienne un patch sur nos consciences pour continuer à ignorer son prochain comme soi-même et l'avenir de nos enfants. Je ne crois pas dans le tri et le recyclage, mais dans la bienveillance, la bienveillance pour cette vie que chacun abrite durant son passage sur terre. La bienveillance, c'est une énergie renouvelable, c'est du solaire humain. Ajoutez-y la gratitude, cette éolienne, et nous devrions réintégrer la marche du vivant dans cette course contre l'anéantissement de notre espèce. Mais je ne me résous pas à croire que la disparition de nos ego sur pattes aurait comme corollaire l'éradication de toute vie sur la planète. Nous ne sommes pas tellement importants.
"Rappelez-vous que lorsque vous quittez cette terre, vous n'emportez rien de ce que vous avez reçu, uniquement ce que vous avez donné." (Saint François d'Assise)

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