Lorsqu’une entreprise a une histoire, ce n’est pas forcément, c’est même rarement pour toujours.
Il va falloir à un moment, et même plusieurs moments, refonder cette histoire ou au moins l’adapter, dans le cadre d'une tactique de storytelling.
Deux cas :
Adaptation :
Connaissez-vous le Minitel ? Ce truc qui ressemble à un ordinateur ancestral et qui a disparu de la circulation. Disparu ? Et bien non, il existe encore toujours 4000 services 3615, 3614, 3613 opérationnels à l’heure actuelle.
Bon, il y en avait plus de 20 000 à l’âge d’or de la télématique.
Mais le Minitel a su adapter, en les conservant, certains de ses atouts pour des marchés de niche. Alors bien-sûr, le Minitel c’est chaque année 30 % de connexions en moins, mais dans les ateliers poussiéreux, exposés à l’humidité, aux chutes… des PME, il a des atouts que l’ordinateur n’a pas. Bref, increvable et exempt de virus en plus.
Le célèbre 3615 ULLA, icône des messageries roses, existe d’ailleurs toujours avec 10 fois moins de connexions qu’autrefois mais un avantage sur l’ordinateur : une traçabilité beaucoup moins aisée de l’utilisateur.
Mais ce n’est pas tout. Avec un outil amorti depuis belle lurette, Orange qui exploite le Minitel, est l’une des seules entreprises à pouvoir garantir l’existence de son produit tant qu’il y aura des entreprises pour éditer ou maintenir des services. Cela change des valses de références pour cause de rentabilité dite insuffisante.
Et ça c’est une belle histoire.
Refondation :
Ou plutôt, absence de refondation d’une histoire fondatrice.
Kodak, vous connaissez aussi ? Kodak était le leader mondial de la photo.
Cela ne veut pas dire qu’il se reposait sur ses lauriers.
Dans toute son histoire (l’entreprise existe depuis plus de 100 ans), Kodak avait toujours un temps d’avance. Alors, quand la révolution numérique a démarré, Kodak avait ce temps d’avance…
Mais a raté le virage numérique : aujourd’hui, l’action du groupe vaut moins que sa valeur en 1950.
Que s’est-il passé ?
Chez Kodak, on s’est dit qu’on pouvait continuer à vouloir avoir un temps d’avance, alors qu’avec une technologie aussi évolutive que le numérique c’était deux, trois ou quatre temps d’avance qu’il aurait fallu se fixer comme objectif.
Une nouvelle histoire qui raconterait que les objectifs de l’entreprise sont si hauts qu’elle ne pourra jamais se satisfaire de ses réalisations et voudra toujours voir plus loin.
Une histoire de quête pas d’objectifs atteints.
D'autres posts sur les "founding stories" : Etes-vous storyable ? et Harley : une histoire d’Amérique
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