L'enseignement n'est pas une marchandise!

Publié le 17 juin 2009 par Michelmi

Tous les pays membres du processus ont connu des contre-réformes de l'enseignement supérieur et de la recherche...

Ce processus poursuit quatre objectifs :

  • L'employabilité des diplômés sur le marché du travail, qui doivent s'adapter aux besoins changeants des patrons, dans un contexte de précarité de l'emploi et de chômage de masse.
  • L'allongement de la durée des études augmente leur coût, ce qui oblige à multiplier les jobs étudiants qui offrent à peu de frais aux patrons une nombreuse main d’œuvre, taillable et corvéable à merci.
  • Promouvoir la « mobilité étudiante »… mais le bilan est très maigre, à cause du faible montant des bourses étudiantes, seuls 1% des étudiants européens ont participé au programme Erasmus.
  • Renforcer la compétitivité de l'enseignement supérieur européen sur le marché mondial des cerveaux étrangers... Bologne fait constamment référence au modèle américain où seules quelques institutions réservées à une élite socioéconomique sont dignes d'être appelées universités.

Les étudiants ne sont pas des parts de marché ni des clients! :

  • En augmentant la mobilité des « étudiants » et des « établissements » d’enseignement, des programmes et des établissements par l’enseignement en ligne ou franchisé, le processus de Bologne contribue à soumettre l’enseignement européen aux lois du marché et aux critères néo-libéraux.
  • Dans l'optique capitaliste, l'enseignement supérieur doit répondre rapidement aux demandes du capital et devenir lui-même producteur de richesses. Autrement dit, les universités et les hautes écoles doivent êtres gérées comme des entreprises privées.
  • La compétition mondiale et la réduction des budgets publics vont les forcer à agir de la sorte en renforçant leur dépendance envers des multinationales ou des mécènes (marketing, vente de cours on-line, chaires privées).
  • Les industriels, qui veulent que l'offre d'enseignement soit adaptée au marché du travail et au nombre d'étudiants inscrits aux cours, s'attaquent ainsi à l'indépendance du savoir dispensé et des recherches menées dans l'enseignement supérieur ainsi qu'à la relative démocratie interne des universités.

Pour une université réellement ouverte, populaire, démocratique et émancipatrice

Selon nous, l'éducation et la connaissance sont des biens communs de l'humanité: les privatiser revient à empêcher le libre développement du savoir et de la culture.

Le savoir s'apprend, mais ne s'achète pas :

  • La recherche fondamentale et appliquée doit viser à satisfaire les besoins de la société et la curiosité intellectuelle, et non le profit. La recherche appliquée doit examiner de manière indépendante les dangers pour la santé des produits utilisés dans l'industrie.
  • L'enseignement doit être entièrement gratuit et public: interdiction du mécénat d'entreprise ou de riches particuliers, la publicité doit disparaître des campus.
  • Le budget global de l'enseignement doit augmenter de 10% du PIB en prenant l’argent là où il est: relèvement de la fiscalité sur les profits des grandes entreprises et sur les dividendes versées aux actionnaires-rentiers; la taxation de la spéculation financière; instauration d’un impôt vraiment progressif et d’un impôt sur les grosses fortunes.
  • Combien d'enfants d'ouvriers et d'immigrés ont-ils la chance d'obtenir un diplôme du supérieur? L'enseignement supérieur doit être accessible aux jeunes des classes populaires, qui doivent bénéficier d'un statut de l'étudiant allocations et bourses plus conséquentes, sans leurs injustes critères académiques.
  • Les universités doivent être soumises au contrôle démocratique des étudiants, des salariés et des professeurs. La concentration des pouvoirs dans les mains des recteurs doit être combattue. La police doit être interdite d'accès sur les campus.
  • Pour lutter contre la fuite des cerveaux, l'enseignement supérieur européen doit développer une libre coopération solidaire avec les pays du Sud, par le transfert gratuit des connaissances et de moyens vers les universités du Sud. En France, les chercheurs doivent pouvoir bénéficier d'un statut stable, de moyens en suffisance et d'une rémunération qui leur permettent de mieux encadrer les étudiants et d'avancer dans leurs recherches.

Seule une mobilisation unitaire des étudiants, des chercheurs et des enseignants, avec le soutien des organisations syndicales et des forces de gauche pourra imposer ces changements indispensables!